LLCA- Trois distinctions, plusieurs méthodes et une touche de physiologie (2/4)

Trois distinctions

L’ordre et les modalités d’arrêt des addictions, présentés dans l’article précédent, peuvent être avantageusement complétés par une classification des addictions selon plusieurs distinctions, qui vont permettre de mieux les appréhender.

Nous proposons les articulations suivantes. Il y a:

-Les troubles qui peuvent faire l’objet d’un sevrage complet, et ceux qui correspondent à des éléments qui ne peuvent pas être arrêter.

-Les troubles qui peuvent être liés à une partie du corps, ou au corps lui-même, et ceux qui dépendent d’une substance externe au corps.

-Enfin, troisième distinction, les troubles peuvent être rapportés à la bouche et à l’oralité, ou non.

Chaque thème permet d’ouvrir sur des moyens ou des techniques de modifications différents.

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Les activités dont on peut entièrement se passer et celles dont on ne peut pas se passer.

Dans les troubles que l’on peut traiter par une exclusion totale ont inclura: l’héroïne, l’alcool, la cigarette, le cannabis, la cocaïne, le pouce, les ongles.
Dans les troubles que l’on ne peut pas traiter par une exclusion totale, nous retrouvons les troubles alimentaires et les troubles du sommeil.
Entre les deux, mais qui appartiennent plutôt aux troubles dont on peut difficilement se passer, se trouve l’activité sexuelle. En effet, certains, notamment des religieux, font vœux d’abstinence et donc d’éviction totale. Parmi ceux-ci, il est probable qu’une petite portion parvienne effectivement à tenir ses vœux. Il en est de même pour ceux qui font voeux de silence. Cependant, cela ne saurait être une majorité, et l’on peut considérer que l’activité sexuelle est inhérente à notre corps.
Cette distinction correspond pratiquement à celle du célèbre Épicure. Il y a les biens naturelles nécessaires, qui sont des besoins: se nourrir, dormir, se protéger de la mort, des intempéries, etc. Et il y a les activités naturelles non nécessaires: l’activité sexuelle, les délices du raffinement alimentaire, les drogues, etc.
Selon cette classification, les troubles seront arrêtés ou travaillés de manières différentes. Certains peuvent faire l’objet d’un sevrage complet, mais les autres doivent faire l’objet d’une rééducation. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le sevrage n’est pas forcément plus difficile que la rééducation des habitudes.

La suppression ou le sevrage

Pour toutes les addictions qui ne touchent pas au corps, la cure peut passer par une suppression pure et simple, un sevrage complet (y compris pour les jeux d’argent, dont nous ne parlerons pas dans ces articles), sauf pour l’alimentation. Le sevrage est très certainement la meilleure des solutions. Il existe, en France notamment, une très grande tolérance pour le vin et l’alcool en général, tout simplement parce que ces produits sont très présents dans la culture. Mais cela ne change pas grand chose au fond de l’affaire. La meilleure solution est sans aucun doute la suppression totale. http://sante.lefigaro.fr/article/l-addiction-a-l-alcool-est-l-une-des-plus-severes/ Tout au plus peut-on tolérer quelques prises exceptionnelles d’alcools peu forts, ce produit restant moins addictif que les autres.
Parmi les addictions qui touchent aux corps, certaines peuvent également être supprimées: le pouce, les ongles, les TIC ou TOC.

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Trouver le bon rythme

Pour les éléments que l’on ne peut pas supprimer, il s’agit alors de trouver le bon rythme et la bonne manière. https://fr.wikipedia.org/wiki/Chronobiologie . On ne pourra pas se débarrasser du souci. Les périodes de privation, d’éviction, les restrictions diverses, ne pourront pas fonctionner. La seule solution est de mettre en place de bonnes habitudes. Et cela ne va pas forcément de soi.

Ainsi, pour le sommeil, soigner l’insomnie ou d’autres troubles du sommeil ne peut que revenir à restaurer ou retrouver un rythme proche du rythme statistiquement moyen d’une population. L’insomniaque doit apprendre à dormir le soir, et se lever le matin. Selon les tendances et dispositions de chacun, selon ses obligations professionnelles, il pourra faire une sieste dans la journée, ou dormir plus ou moins. Mais ce que montrent la plupart des témoignages sur le sommeil polyphasique, cette technique qui consiste à dormir de manière fractionnée au long de la journée, est qu’il est socialement impossible à tenir. Trop différent du rythme des autres hommes, il est plus ou moins voué à l’impasse. Nous pouvons ainsi le considérer comme une nouvelle phase de trouble, mais pas encore comme la solution.

De même pour le régime alimentaire. Ceux qui passent leur temps à faire des régimes… passent justement leur temps à faire des régimes! Ils ne trouvent jamais d’équilibre. Jamais le bon rythme. La chrononutrition a été explorée par le docteur Alain Delabos. https://fr.wikipedia.org/wiki/Chrononutrition L’idée est tout simplement de redonner un rythme alimentaire, un nombre de repas par jour, à tous ceux ayant des problèmes de poids. Evidemment, pour mincir, il ne s’agit pas de manger n’importe quoi, n’importe comment. Il faut encore trouver le régime alimentaire, les aliments et les quantités, qui conviennent à la personne. Ainsi, le régime chrononutrition peut se marier avec un régime végétarien, ou un régime cétogène, ou même encore, avec une modification périodique de l’alimentation.

Enfin le sexe (pour tous ceux qui n’y ont pas renoncés!) pourra également trouver dans le rythme une méthode intéressante. Pour l’homme, la génération de la testostérone dure environ 7 jours. https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/data/730/reader/reader.html#!preferred/1/package/730/pub/731/page/6. Selon les désirs de chacun, et notamment l’âge, puisque les hormones et le désir sexuel varient énormément avec le temps, un rythme est à construire.

https://unusual.blog/2019/03/09/se-passer-de-nourriture-et-de-sommeil-a-la-recherche-du-temps-perdu-les-2-regimes-les-plus-extremes/?fbclid=IwAR3rT7XCm-jNVrngU91AyAsPzf1bLU9QvXebERdW34hp9DotsRJ7q69ymgE

Les activités qui touchent à notre corps et celles qui en sont distinctes

Seconde distinction. Les activités qui touchent à notre corps, que nous portons avec nous, sont: le pouce, les ongles, le sommeil, le sexe (surtout la masturbation), le sport éventuellement. Les autres passent par une substance externe: drogue, alcool, cigarette, cannabis, nourriture, sexe (couple / groupe). On peut également considérer que ces activités ne reposent pas que sur une substance externe (un aliment, un objet). Elles tiennent aussi à la force du désir qui attire vers elle. Ce désir touche bien au corps, mais cela n’annule pas la distinction.
Là encore, les techniques d’arrêt ou de rééducation sont différentes. Il est particulièrement difficile d’arrêter rapidement une activité qui tient au corps.

Pour les « vraies » drogues et leur arrêt total

Pour l’héroïne, l’alcool, la cocaïne, et même le cannabis, l’arrêt brutal n’est pas du tout recommandé. L’impact sur le corps, les hormones, l’humeur, est beaucoup trop important pour tenter une rupture sauvage. Le plus sage est une décroissance graduelle, mais cependant assez ferme pour faire une différence. Une autre méthode, qui de toute manière va se faire naturellement dans la plupart des cas, est de s’appuyer sur des substituts. C’est-à-dire descendre à une drogue moins « dure ».

Quelques exemples:

-Pour arrêter l’alcool, allez-y progressivement. Réduire les prises dans une journée, puis une demi journée, puis une semaine… La première méthode est de repousser la première prise quotidienne après le déjeuner. Cette étape peut durer de un mois, à plusieurs mois. Il n’y a pas de règles, sauf celle d’aller toujours de l’avant. Après avoir décalé la prise dans la journée, décalez-là après 17h, ou réduisez la quantité. La réduction de la quantité n’a absolument pas besoin d’être massive. Cela peut-êre réduire d’un verre, ou d’un demi-verre. Ou remplacer un verre d’alcool fort par un verre d’un alcool moins fort. En continuant ainsi, la consommation va progressivement être réduite. Elle peut se réduire en semaine, pour rester à ses niveaux antérieurs durant le week end. C’est déjà un énorme pas en avant.

Qui va piano, va sano. Il n’y a pas de plus grand risque de rechute que lorsque l’on veut aller trop vite.

-Pour l’alcool toujours, vous pouvez en partie compenser en mangeant plus, en dormant plus, voir même en fumant plus de cannabis. Le cannabis et l’alcool ne font pas bon ménage, et, même si arrêter le cannabis est beaucoup plus difficile qu’on ne le pense, arrêter l’alcool est encore plus difficile. -Pour le cannabis, là encore, la baisse ultra progressive est de mise. Il s’agit de réduire progressivement la quantité dans chaque prise (en maintenant le nombre de prises, ou de joints, constant). Puis de réduire le nombre de prise, et enfin d’arrêter.
-Pour l’héroïne, il est très préférable de suivre un traitement médical. Il est très peu probable que la méthode « Transpoting », rester attaché à un lit pendant le sevrage, suffise. Car il faut, nous en parlerons après, rééduquer également l’esprit, et non pas uniquement le corps.

En résumé: réduire très progressivement les périodes de prises, puis réduire la quantité de produit actif, et s’appuyer sur des substituts. Les différents outils peuvent, doivent même, être mélangés. Le temps doit devenir notre allié, pas notre ami.

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Pour les autres « drogues » et leur arrêt total

-Pour le tabac, on pourra utiliser la même méthode et aller un peu plus vite. La dépendance est beaucoup moins forte. La première étape est généralement de passer à des cigarettes moins fortes en goudron et nicotine. On peut en général diviser par deux en trouvant des cigarettes qui restent à notre goût.

-Cette première étape peut durer assez longtemps, un an même. Mais on peut aussi accélérer plus rapidement vers l’étape suivante. On peut arrêter d’un coup, ou arrêter en diminuant sur une courte période de temps d’une ou deux semaines. Et enfin,
-Pour le pouce, l’arrêt peut être assez rapide. Il suffit de quelques jours pour que le palet change de forme. Alors recommencer à sucer le pouce n’apporte plus du tout le même plaisir. Il faut juste que la personne (généralement un enfant, ou un adolescent), soit à peu-près prêt. Cela peut se faire par étape: pas de pouce la journée, le garder pour le soir, puis arrêter de s’endormir avec. Certains utilisent une tétine, mais le « vrai » suceur de pouce n’acceptera jamais de troquer son doigt chéri contre un vulgaire morceau de plastique.

L’oralité, et le reste

La dernière distinction tient à l’oralité ou non du comportement présentant un trouble. Il est clair pour tous que les troubles de l’alimentation, de la boisson, la cigarette, le pouce, les ongles, prise de cachets divers, touchent tous à la bouche et à ce que les psychologues appellent l’oralité. Les autres troubles, cocaïne, héroïne, morphines, et sexualité touchent d’autres partie du corps.

D’autres troubles sont liées à d’autres parties du corps et à d’autres sens, le toucher et la vue par exemple. Ainsi les accros aux écrans et aux jeux vidéos sont intoxiqués par ce que l’on appelle aujourd’hui les « drogues visuelles ». Ceux qui ne peuvent se passer des jeux d’argent, en plus d’un besoin d’adrénaline et de mise en danger, sont aussi portés par un goût physique, du grattage, du compostage du bulletin de loto, ou visuel des signaux lumineux des machines à sous. Les signaux visuels des machines à sous, comme des jeux vidéos, principalement sur téléphone portable, sont crées spécialement pour rendre les clients accros et agir sur leur cerveaux et la réponse neuronale. Les crises d’épilepsie et les migraines reposent en partie sur des déclencheurs similaires: stress, visions.

Dans le prochain post, nous reviendrons sur l’oralité, qu concentre la plus grande part des troubles.

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Annexes

Le mensonge du régime pranique

La nourriture dite « pranique » est un exemple de fausse méthode, qui prétend résoudre les troubles alimentaires en supprimant toute alimentation, alors que c’est physiologiquement impossible.

D’après les défenseurs de cette pratique, qui ne sont rien d’autres que de dangereux charlatants, il serait possible de se nourrir uniquement de l’énergie de l’univers et d’un peu d’eau, sans prendre l’aliment solide. Le prana est l’énergie de la vie contenu dans l’air, fondement de la pratique yogique du pranayama, les exercices de respiration. Ce mouvement a connu un regain d’intérêt lors de l’hospitalisation d’un gourou indien qui n’aurait rien consommé, ni aliment, ni nourriture, pendant plus de deux semaines, dans un hôpital. http://premium.lefigaro.fr/sciences-technologies/2010/05/10/01030-20100510ARTFIG00647-le-mystere-de-l-indien-qui-jeune-depuis-plus-de-70-ans.php Un jeûne de deux semaines, voir d’un moi, est certainement possible pour certaines personnes. Mais pas pour tout le monde, n’importe comment. Il y a des règles d’entrée et de sortie du jeûne, relativement strictes et complexes à suivre.Cependant, ce que l’on appelle l’inédie, le fait de ne pas manger du tout, est médicalemement impossible. Il est quasiment certain que l’expérience ci-dessus rapportée dans le Figaro est un simple montage. https://www.sciencesetavenir.fr/sante/et-la-lumiere-ne-fut-pas_22725 https://fr.wikipedia.org/wiki/In%C3%A9die Mais s’il fallait retenir quelque chose de cette idée folle, c’est bien que nous nous nourrissons également autrement que par l’alimentation. Le soleil nous donne de l’énergie. Les émotions, positives ou négatives, nous en donnent ou nous ne enlèvent. Ceci joue réellement sur notre appétit et notre capacité à nous Et parmi ces éléments, dans les autres éléments, la respiration tient une place toute particulière.

Le sommeil

Vaincre l’insomnie

La première chose à faire, et le plus importante, est de vaincre les insomnies. Il est impossible de se développer correctement si l’on ne dort pas correctement. Pour lutter contre l’insomnie, il faut mettre en place les habitudes suivantes:-Se coucher et se lever à heures fixes

-Se détendre une heure avant d’aller dormir: ne plus travailler, ne pas regarder de film ou lire de livres violents

-Ne pas boire trop de café. Le dernier café de la journée doit être après le déjeuner.

-Faire une activité sportive deux fois par semaine, de la marche tous les jours au moins 20/40 minutes et tenir…

Dormir moins

Tout le monde peut sûrement optimiser son temps de sommeil. En revanche, tout le monde ne peut pas tout faire, ou faire n’importe quoi. Changer trop rapidement a de nombreuses implications psychologiques qu’il faut être capable de maîtriser. Le changement se fait dans le corps et l’esprit. Et le changement qui a lieu dans l’esprit est plus complexe que celui du corps. Le corps est un outil, un véhicule de changement, mais le véritable changement a lieu dans la tête.Ce pourquoi, et malgré la difficulté, il vaut mieux changer de rythme progressivement, une heure par une heure, par exemple, jusqu’à trouver ses limites. https://napchart.com/4xand?fbclid=IwAR3i7Vm7cyJdx-SoCsAVcK_CySEMtB3ekEFf4vuVrhTosp0u24R4xo5KJ5E

Annexe

Certaines mauvaises habitudes doivent être complètement éliminées, comme la cigarette par exemple. Mais d’autres ne peuvent pas être éliminées et doivent simplement être rééduquée. Il n’est pas possible d’arrêter de manger, mais il faut arrêter de sur-manger, ou de sous-manger. Il faut lutter contre l’excès en revenant à une situation équilibrée. Comment faire?

La neurologie des addictions nous donne une piste, celle du sevrage. La mauvaise habitude, comme toute habitude, a crée un chemin, qui s’est bientôt transformée en autoroute sous l’effet de la répétition, et est inscrite dans le fonctionnement des neurones. il faut alors casser l’autoroute et revenir au chemin de campagne. C’est exactement le rôle du sevrage. On n’arrêtera pas de manger, on arrêtera de sur-manger, et il faudra le faire suffisamment longtemps pour que l’autoroute neuronale soit modifiée par la nouvelle habitude. Le temps sera le meilleur allié de la discipline. Comme expiqué ailleurs, il faudra suivre tous les jours le fait d’avoir arrêté la mauvaise habitude. Il est bien plus efficace de suivre le suivi de l’habitude tous les jours sur une simple page papier, que de se peser tous les jours. Il faut laisser du temps au temps, et le shéma peut être différent selon l’addiction. Dans tous les cas, la méthode du premier objectif à trois jours, puis à trois semaine, puis à trois mois, puis tenir toute une année, est quasiment infaillible.

Une fois le sevrage terminé, il n’est pas toujours vraie de dire que l’addicte reste addicte toute sa vie. Au contraire, une fois la mauvaise habitude domptée, en prenant un an complet de respect de la bonne habitude pour ne pas prendre de risque, il est tout à fait possible de rechuter (pas dans une drogue dure, on est d’accord), sans que cela ne créé un réel préjudice pour la nouvelle habitude. Une bûche à Noël ne ruinera pas la fin de la prise du sucre. Bien au contraire, cela va même parfois jouer un rôle de répulsif qui va renforcer la bonne habitude.

Courage, méthode, et patience, sont les meilleurs alliées de la création d’une bonne habitude!

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