Nous présentons ci-dessous un résumé du premier tome de la saga. Le récit n’est pas linéaire, mais est écrit comme un ensemble de contes, mettant en scène le héros, Geralt de Rive. Ce premier opus, de très loin le meilleur de la saga, contient deux chapitres majeurs et d’une rare profondeur sur la question du destin. Le juste prix, nous raconte comment Geralt devient le « destin » de Ciri, par le droit de surprise. Et Le dernier vœu, qui nous raconte comment Geralt et Yennefer tombent amoureux, après avoir lutté contre un Djinn. Pour une interprétation des thèmes de la saga, c’est ici: https://foodforthoughts.blog/2020/11/08/the-witcher-le-sorceleur/

- La voix de la raison 1
- Le sorceleur
- La voix de la raison 2
- Un grain de vérité
- La voie de la raison 3
- Le moindre mal
- La voie de la raison 4
- Une question de prix
- La voie de la raison 5
- Le bout du monde
- La voie de la raison 6
- Le dernier vœu
- La voie de la raison 7
- Un chef d’oeuvre ?
- Annexe – la magie, le destin
La voix de la raison 1
Geralt se laisse caresser et entreprendre par une jeune fille qui laisse flotter une odeur de camomille.
Le sorceleur
Geralt vient en aide au roi de Témérie, Foltest. Il s’est rendu coupable d’inceste avec sa fille, Adda. Depuis, celle-ci a été transformée en une espèce de vampire, une Strige, et terrorise la région. Geralt, tueur de monstres de son état, pourrait se contenter de tuer la Strige et de mettre fin à ses meurtres. Mais Foltest aime toujours sa fille. Il regrette son inceste et espère trouver un moyen de la sauver.
Les opposants politiques du roi utilisent cette infâmie pour attaquer son pouvoir. Au premier rang des comploteurs, un certain Ostrit tente de corrompre Geralt et de le dissuader d’accomplir sa mission. Notre héros reste stoïque. Geralt n’est pas à vendre. La corruption n’ayant pas fonctionné, Ostrit passe aux menaces: « Prends garde! N’oublie pas à qui tu parles, vagabond! ». La menace ne fonctionne pas mieux que la caresse. Excédé, Ostrit attaque Geralt. Le sorceleur le neutralise rapidement et l’attache dans le caveau de la Strige. Défait, Ostrit passe aux aveux. Il aimait Adda, mais n’était pas aimé en retour. Fou de jalousie, il lui a lancé un sort pour la transformer en vampire. Ostrit tente également d’accuser la reine, la mère d’Adda, de l’avoir maudite, elle qui était aussi jalouse, pour des raisons différentes, de sa propre fille.

La nuit tombe. La Strige se réveille et cherche à satisfaire sa soif de sang. Ostrit n’a pas le temps de s’échapper. Il tombe sous les coups de son ancien amour. Le combat entre Geralt et la Strige commence. Il est terrible. « De la volonté mauvaise, maladive, qui était à l’origine de la strige. Le sorceleur trembla au souvenir du moment où il avait absorbé cette charge de mal pour la diriger vers le monstre comme un miroir ». Maître de son art, Geralt parvient à vaincre la stryge sans la tuer. Il parvient même à libérer la princesse du sortilège. Reste à en faire une femme. Ce ne sera pas une mince affaire. Le travail du sorceleur s’arrête là. Il ne tue pas tous les montres, seulement ceux qui n’ont plus rien d’humain.
La voix de la raison 2
Nous retrouvons Geralt au le temple de Melitele, l’une des principales divinités du lore. Le temple est dirigé par la prêtresse Nenneke, amie de longue date du sorceleur. Comment souvent lorsqu’il ne combat pas les monstres, Geralt trouve du réconfort dans les bras d’une femme. Sa nouvelle conquête est une ondine, une nymphe des rivières, du nom de Iola. Iola s’est métamorphosée au petit matin et ne lui rappelle plus Yennefer.
Le temple abrite prêtresses, prophétesses, sage-femmes, guérisseuses, spécialisées dans les maladies féminines et infantiles, et encore des druidesses, des préceptrices et gouvernantes. Sa fondation, immémoriale, remonte avant l’apparition de l’homme. « Presque toutes les races pré-humaines et les tribus humaines primitives (…) avaient vénéré la déesse des récoltes et de la fertilité (…) patronne de l’amour et du couple. » Ce culte remonterait à ceux de la grande Matrice, la mère nature. Jaskier – le troubadour, ami de Geralt – qualifiera ce culte de typiquement féminin.
Nenneke souhaite plonger Geralt dans une transe pour le soigner, non des blessures de la Strige, mais des nœuds du destin qui s’accumulent sur lui. Elle connaît Geralt depuis son enfance, et « sent » qu’il est pris « dans un Iola tourbillon ». Geralt refuse. Le héros ne croit pas aux forces du destin. Croit-il en sa propre force et en la liberté?
Un grain de vérité
Geralt suit maintenant les traces du meurtre d’un couple de marchands, qu’il a découvert par hasard sur la route. Les deux petites traces de crocs plantées sur le cou de l’une des victimes l’intriguent particulièrement. Remontant la piste du chariot des victimes, il croise une étrange jeune fille, puis débouche sur la demeure d’un monstre appelé Nivellen. Le monstre tente de chasser Geralt, mais il n’y parvient pas. Le chasseur et la bête finissent par sympathiser. Nivellen invite le sorceleur à souper. Ils se défient l’un l’autre de prouver leur monstruosité. Geralt, catégorique, affirme que Nivellen n’est pas un monstre, mais qu’il est la victime d’un enchantement. Il peut donc être sauvé.
Nivellen fait le récit de sa propre vie. Son grand-père et son père détenaient déjà ces terres. Forts et violents, ils amassèrent une large fortune. Son père fut tué par ses ennemis, et Nivellen se retrouva seul à la tête de leurs affaires. Trop jeune pour cette charge, il se laissa embarquer dans une rapine contre un temple de prêtresses. Sous la pression du groupe, il viola la prêtresse de l’église de Coram Agh Ter. Celle-ci l’a maudit en retour. Transformé en monstre, il reçu un pouvoir étrange. Tout son domaine lui obéit. Il peut ouvrir et fermer portes et volets, faire apparaître et disparaître lumière, nourriture, vêtements, eau chaude…. « tous les pouvoirs d’une femme de maison » détaille-t-il à Geralt.
Nivellen raconte comment il a cru pouvoir mettre fin à la malédiction en suivant le conte. La référence, qui n’est pas explicite, semble renvoyer à la Belle et la Bête. Nivellen a séduit quelques jeunes filles. Mais la magie, ou plutôt la contre-magie, n’a pas opéré. Le sorceleur lui dévoile qu’il n’est pas seul et qu’il a bien une compagne. Le dîner se termine et alors que Géralt s’apprête à partir, il croise à nouveau la fillette qu’il avait vue en arrivant. À la faveur de la nuit, elle s’est transformée en brouxe, un type de vampire très puissant. Geralt engage le combat. Nivellen attiré par les bruits, s’élance dans la cour et sauve Geralt de la mort. Nivellen tue Vereena, cette brouxe qui était devenue l’amour de sa vie. Ce sacrifice le libère du sortilège. Vereena avait mordu Nivellen plusieurs fois, le transformant de monstre en vampire. Geralt lui fait boire un remède. Le conte avait raison. Il fallait seulement le lire correctement. Il fallait que l’amour soit sincère, peu importe sa forme. Un monstre peut être plus humain qu’un homme même.
La voie de la raison 3
La Rose-Blanche est un ordre de chevaliers qui a la particularité de ne pas être religieux. Fondé sur les vertus chevaleresques, il s’est donné pour mission de protéger les hommes contre les monstres. Deux représentants de l’ordre, Falwick et Tailles, arrivent au temple de Mélitite et exige que Nenneke fasse immédiatement partir Geralt. Ils agissent sur ordre du prince Hereward. Nenneke refuse de chasser son ami. Tailles défit Geralt, mais le sorceleur ne veut pas se battre. Geralt annonce qu’il partira de son propre chef dans trois jours. Les gardes ne sont pas satisfaits et menacent de revenir.
L’ordre chasse les monstres de manière aveugle. Geralt est un mutant, et pour eux un monstre comme un autre. Les chevaliers ne regardent que l’apparence physique. Ils ne sondent pas les âmes.
Le moindre mal
Geralt a tué une kikimorrhe, un monstre des marais, et tente de la vendre à Caldemeyn, le maire de la ville de Blaviken. Le maire, un ancien ami de Geralt, s’excuse de ne pas avoir de budget pour le rémunérer et lui conseille de tenter de vendre le monstre au magicien Irion, qui demeure dans la ville.
Geralt va voir le mage et découvre qu’il s’agit du magicien Stregobor, caché sous une identité d’emprunt. Les deux hommes se connaissent mais ne s’apprécient pas. Lors de leur dernière rencontre, à Kovir, à la cour du roi Ida, Stregobor avait tout fait pour salir la réputation du sorceleur, et le roi avait décidé de ne pas payer Geralt. Mais cette fois, Stregobor a besoin de Geralt et pense que c’est le destin qui l’a conduit jusqu’à lui.

Stregobor est menacé par Renfri, la jeune fille de Fredefalk, prince de Creyden et d’Aridea. Cette jeune fille aurait été victime de la malédiction du soleil noir, aussi appelée la manie d’Eltibald le Fou. Plusieurs dizaines de jeunes filles auraient été contaminées par le Soleil noir et se seraient transformées en monstres. Geralt n’y croit pas. Le soleil noir n’est pour lui rien d’autre qu’une banale éclipse, et ces filles, aussi cruelles qu’elles soient réellement, le sont soit naturellement, soit à cause d’un sort. Ce ne sont pas des monstres. Elles ne relèvent pas de ses services.
Stregobor soutient la thèse inverse. De nombreuses autopsies ont été pratiquées, confirmant qu’il s’agit d’une mutation génétique, et donc de monstres. « Beaucoup, avant de mourir, révélaient des talents divinatoires, preuve de leur mutation ». Il fallait faire quelque chose contre elles. Les enfermer dans des beffrois, les tuer parfois, tel était ‘le moindre mal’, pour se prémunir de leur menace. Geralt récuse. Il n’y a pas de moindre mal. Il n’y a que le bien et le mal. Rien de réel ne justifie cette peur, ces haines, ces expériences contre nature. Encore une fois, le monstre n’est pas celui que l’on croit.
Stregobor était chargé de surveiller Renfri quand elle était enfant. Mais la fillette réussit à lui échapper. Ils finirent par devenir ennemis. La lutte entre les deux ennemis dure depuis des années. Renfri s’est fait un nom dans le crime. On la surnomme la Pie-grièche. Elle vient à Blaviken pour tuer Stregobor. Mais le mage pense au contraire que Geralt va la tuer. Geralt refuse. Par amitié pour le maire, Geralt accepte cependant de discuter avec Renfri et sa bande et tenter d’éviter un combat entre elle et le magicien le jour du marché. Geralt veut protéger la population. La situation dégénère. Renfri menace le maire et lui demande de lui livrer le mage. Stregobor mourra demain, dit-elle, et ce sera le « moindre mal ». Si le maire ne livre pas le magicien, Renfri et sa bande attaqueront les habitants au marché. « Le moindre mal », cette idée morale qui affirme qu’en l’absence de bonne solution, il faut choisir la moins mauvaise, est utilsée par les deux camps pour justifier leurs actions.
Renfri tente de convaincre Geralt de tuer le magicien pour elle. Comme il l’a fait lorsque le mage lui a proposé la même chose, Geralt refuse. Un débat s’engage. Renfri soutient qu’il existe un moindre mal, et que c’est le Mal suprême qui nous pousse à accomplir le moindre mal. Geralt, à l’inverse, argumente qu’en laissant tomber sa vengeance, Renfri montrera à tous qu’elle n’est pas une mutante ou un monstre. Mais Renfri a pris goût au plaisir de la vengeance. Elle n’abandonnera pas. Soudain, alors qu’elle fixe le médaillon à tête de loup du sorceleur, la jeune fille a une vision. Elle le voit seul, sur une place inondée de sang. Il a fait un choix. Le dénouement sera tragique. Pour toute rémunération, le sorceleur n’aura qu’une pierre et de méchants mots. Renfri tombe sous le charme de Geralt. Elle lui rappelle qu’elle est une princesse, le séduit, et promet de quitter la ville le lendemain. Ils passent la nuit ensemble.
Le matin suivant, Geralt croit que Renfri va honorer sa promesse. Mais il comprend soudain qu’elle va utiliser la ruse de Tridam. Elle est prête, selon la tactique désignée par cette ruse, à tuer autant d’habitants qu’il faudra pour faire sortir le mage de sa cachette. Geralt refuse de laisser faire. Il rejoint la place du marché et tue les sept compagnons de la bande de Renfri. La jeune fille arrive alors et défie elle-même le sorceleur. Geralt ne veut pas la combattre. Elle ne lui laisse pas le choix. L’amour de la nuit devient l’ennemi du jour. Après un terrible combat, Renfri meurt sous les coups du sorceleur. Est-ce un suicide? A-t-elle donné sa vie au sorceleur qu’elle n’avait quasiment aucune chance de battre? Ce suicide est-il sa manière de suivre la recommandation de Geralt, ou le point culminant de sa folie vengeresse? Stregobor, quoi qu’il en soit, exulte. Geralt a choisi le moindre mal, mais il a aussi commis un massacre. Il sera désormais surnommé « le boucher de Blaviken ».
Stregobot veut autopsier Renfri pour savoir si elle était bien un monstre. Geralt refuse. « Tu ne sauras jamais » lui rétorque le mage. La foule, apeurée par la tuerie, ignorante du pogrom auquel elle a échappé, lance des pierres au sorceleur. Renfi avait vu juste. Le maire Caldemeyn protège Geralt, mais lui ordonne aussi de partir. Et de ne jamais revenir. Le moindre mal n’est pas sans prix. Il empêche le pire des maux. Mais il reste un mal.
La voie de la raison 4
Geralt parle à Iola, qui a elle-même fait vœu de silence. Geralt ne croit pas au destin. Les étoiles filantes ne servent pas à faire des vœux, mais à fournir le métal dont son épée est faite. Cette épée qui lui permet de tuer des monstres. « Je crois en mon glaive » est son crédo. Il raconte qu’il ne connaît ni son père, ni sa mère. Il a été élevé à Kaer Morhen, l’ancien château des sorceleurs, par un maître nommé Vesemir, qu’il considère comme son père adoptif. C’est l’heure de la back story, où nous apprenons une partie de l’histoire ayant conduit Geralt à devenir sorceleur.
Geralt raconte l’épreuve des herbes qui permet aux jeunes enfants de devenir sorceleurs. Enfin pour ceux qui survivent. Les herbes déclenchent une profonde transformation, modifiant les hormones, les réflexes, la pupille. Elles poussent l’organisme aux limites de son humanité. De tous les enfants soumis à l’épreuve, Geralt est le seul de sa génération à avoir survécu. Il en a conservé des cheveux blancs.

La fin du monologue est consacrée à Cintra. Geralt, enigmatique, regrette d’y être allé et jure qu’il n’y retournera pas. « L’enfant a dû naître en mai », pense-t-il, aux alentours de la fête de Belleteyn, comme Yennefer. Nous ne le savons pas encore, mais l’enfant dont il parle est Ciri. Geralt, enfant trouvé lui aussi, enfant « surprise » offert au sorceleur pour maintenir leur ordre, va à son tour devenir père. Il se remémore son passé pour trouver les forces nécessaires à son avenir de père.
Une question de prix
La reine de Cintra, Calanthe, a prévu de marier sa fille Pavetta. Elle va l’annoncer durant un grand banquet organisé en cet honneur. Calanthe a embauché Geralt. Déguisé en noble, le sorceleur est là pour parer à tout risque de conflit entre les différents prétendants de sa fille.
Les prétendants sont nombreux. Le favori est Crachn an Craite, des îles de Skellige. L’union permettrait de forger une alliance entre les deux royaumes. Crachn est venu avec le roi Eist et druide nommé Sac à souris. Il y a aussi le prince Windhalm, fils de Rainfarn d’Attre, autre prétendant. Le banquet est tout à coup interrompu par Hérisson d’Erlenwald, un chevalier masqué, dissimulé sous une armure de piquants.
Hérisson vient lui aussi demander la main de Pavetta. Il prétend qu’elle lui revient de droit et est le salaire qu’il a gagné en sauvant le roi Roegner, ancien mari de Calanthe. La reine n’est pas du tout prête à accéder à sa demande. Une joute verbale s’engage entre eux devant la foule assemblée. Hérisson raconte comment il a sauvé Roegner il y a quinze ans. Le roi était tombé dans une fosse remplie de monstres. Pour le remercier et lui montrer sa gratitude, Roegner lui a juré de lui donner tout ce qu’Hérisson demanderait. « J’ai sollicité sa promesse de me donner quelque chose qu’il avait laissée chez lui sans le savoir, de me donner la surprise qui l’attendait ». Hérisson avait invoqué le droit de surprise, ainsi formulé. À son retour, le roi trouva la reine enceinte de Pavetta. Pavetta est ainsi le prix dû à Hérisson.
Calanthe et les différents prétendants sont prêts à tout pour ne pas honorer la promesse du roi désormais défunt. Mais Geralt intervient. Pavetta est « un enfant marqué du sceau du destin ». « Pourquoi exige-t-on pareil serment? » demande-t-il à Hérisson. « Pareil serment peut créer un lien entre le destin de celui qui exige et l’objet de ce serment, l’enfant-surprise. Un lien si puissant que rien ne peut le rompre. L’enfant-surprise, marqué du sceau du destin aveugle, peut être lui-même destiné à accomplir des actions extraordinaires. Il peut jouer un rôle primordial dans la vie de celui auquel son destin est lié. » Le mélange de parole et de hasard bouscule la succession simplement naturelle.
Hérisson réclame: « Donnez-mois celle qui est mon destin! ». Mais Geralt lui rappelle la contre-partie du droit de surprise. « Tu n’obtiendras sa main que si (…) la princesse elle-même accepte de partir avec toi. Ainsi en décide le droit de surprise. C’est l’accord de l’enfant, et non celui des parents, qui atteste le serment, qui prouve que l’enfant est effectivement né dans l’ombre du destin. C’est la raison pour laquelle tu as attendu quinze ans, Hérisson. Car telle était la condition que le roi Roegner avait mise au serment. »
Sac à souris confirme ce que dit Geralt et révèle à tous que Geralt n’est pas un noble, mais bien un sorceleur; qu’il fut lui-même la surprise que son père retrouva chez lui à son retour; et qu’il devint ce qu’il est, par la force du destin. Geralt fut le prix payé par son père pour avoir eu recours au service d’un sorceleur. C’est ainsi que Geralt fut lui-même précipité dans son destin de sorceleur.

Calanthe ordonne à Hérisson de retirer son heaume, sous lequel il cachait jusque-là son monstrueux visage de hérisson. Même face à ce visage, Pavetta acquiesce et dit oui à Hérisson. Les autres prétendants se révoltent et une bagarre éclate. Geralt sauve Hérisson. Eist Tuirseach protège Calanthe. Pavetta se met à crier, hurler même, si fort qu’elle se retrouve élevée dans les airs, entourée d’une aura de lumière verte. Sac à souris remarque que Pavetta ne doit plus être vierge, car ce pouvoir ne peut être libéré par une vierge. Son pouvoir lui vient sans doute de sa grand-mère, Adalia. Alors que la magie continue d’inonder la salle, Hérisson se transforme et redevient le beau chevalier qu’il était auparavant. Il n’est pas un monstre. Il reprend son nom d’homme, Dunny. Il était la victime d’un maléfice qui a été levé lorsque son union avec Pavetta a été approuvée par Calanthe. Hérisson / Dunny savait. « J’ai fini par apprendre, je ne sais plus comment, que je pouvais être délivré de cette malédiction par un enfant-surprise. Quelque temps après, j’ai rencontré Roegner ». La malédiction, le sauvetage, l’enfant surprise, l’amour, la résolution de la sorcellerie, nous sommes au cœur de l’œuvre.
Tout avance vers la meilleure des résolutions possibles. Un charme a été levé. Un mariage célébré. Un deuxième même est annoncé. Eist Tuirseach de Skellige et Calanthe annoncent à leur tour leur union. Le druide Sac à souris accepte de devenir le professeur de magie de Pavetta. Il ne reste plus qu’à payer le sorceleur. Calanthe lui demande son prix. Geralt lui demande son écharpe. Calanthe lui offre son collier d’émeraude. Mais Dunny, sauvé par Geralt, est aussi son débiteur et demande lui aussi au sorceleur ce que sera son prix. « Un sorceleur auquel on pose pareille question doit demander qu’elle lui soit répétée ». Dunny répète sa question, parce qu’il a découvert que les sorceleurs luttent « contre le Mal tapi dans l’ombre, mais aussi contre celui qui est tapi en nous. » Geralt déclare « Pour devenir sorceleur, il faut naître à l’ombre du destin, et peu d’individus naissent dans l’ombre du destin (…) Or le monde est envahi par le Mal, qui n’attend qu’une chose, que nous venions à manquer (…) Tu me donneras ce que tu possèdes déjà et dont tu ignores encore l’existence. Je reviendrai à Cintra dans six ans pour vérifier que le destin s’est montré clément envers moi ». Immédiatement, Dunny et Calanthe interrogent Pavetta pour savoir si elle n’est pas… « La princesse baissa les yeux en piquant un fard. Et puis elle répondit ». Ainsi se termine la nouvelle. Ainsi la future Ciri, fille de la puissante Pavetta, est destinée à devenir la fille de Geralt, son de destin.

La voie de la raison 5
Géralt est en train de lire l’Histoire du monde de Roderick de Novembre, quand son amis, le barde Jaskier arrive. La conversation s’engage sur l’Histoire. Geralt pense que le temps des sorceleurs touche à sa fin. Il n’y a plus de monstres. Ceux qui restent s’intègrent au monde des humains, comme ce troll qui entretient le pont à la sortie du village sur la rive de la Buina.
Jaskier reproche au sorceleur de se plaindre sur son sort et lui conseille de se faire prêtre. « Avec tes scrupules, ta moralité, ta connaissance de la nature humaine, et de tout, tu ferais un bon prêtre. » Jaskier insiste. Le travail de sorceleur est paradoxale. Il s’agit de débarrasser le monde des monstres et donc de ne plus avoir besoin de sorceleur. Cela ne peut pas être éternel.
Jaskier se rappelle du récit de Roderick de Novembre. Il raconte qu’il y a 300 ans, les humains étaient encore des intrus et devaient se battre pour chaque lopin de terre. Les sorceleurs leur ouvraient la voie, débarrassant les terres des monstres et leur permettant de s’y installer.
Puis ils se rappellent de leur rencontre, à Guleta. Comme Jaskier devait se faire discret après avoir entrepris une fille ayant quatre grands frères, ils décidèrent de passer un moment au bout du monde habité, l’avant poste de la civilisation, pour se faire oublier. Telle est la première apparition de Jaskier.

Le bout du monde
Geralt et Jaskier se retrouvent au bout du monde, au pays de la Vallée des fleurs. Ils sont bientôt engagés par un couple de fermiers dont les récoltes sont attaquées par un boucalicorne, une sorte de diable. Geralt et Jaskier tentent de raisonner le diable et de le faire partir. Geralt lui explique qu’il doit arrêter ses blagues et « qu’il ne doit pas faire à autrui ce qu’il ne veut pas qu’on lui fasse. » Mais rien n’y fait. Le rappel du principe moral ne fonctionne pas.
Geralt, à son habitude, mène l’enquête. Il interroge le paysan qui l’a embauché et lui interdit de tuer le diable. Geralt découvre que cette petite communauté de paysans obéit à une étrange jeune fille qui ne parle qu’à l’aïeule, de la famille. La jeune fille, Lille, est leur prophétesse. On ne sait d’où elle vient. À chaque génération, une nouvelle jeune fille sort de la forêt et s’installe au village. L’ancêtre détient un livre des anciens temps, écrit en runes elfiques et idéogrammes de nains. Il compile une série de techniques de lutte contre les monstres.
Repartis lutter contre le diable, Jaskier et Géralt sont kidnappés par des Elfes des montagnes. La supercherie est révélée. Les elfes ont embauché le diable pour qu’il pille les récoltes des hommes et leur ramène. Les elfes se meurent dans les montagnes, sans connaissance de l’agriculture. Ils ne veulent pas commercer avec les hommes qu’ils détestent. Autrefois, avant l’arrivée des hommes, mère nature les nourrissait sans qu’il soit besoin de faire le moindre effort. Mais maintenant que les hommes sont partout, leur habitat disparaît. Ils sont condamnés et refusent de s’adapter. « Le soleil brille autrement qu’avant, l’air est différent, l’eau n’est plus ce qu’elle était ». « Vous arrachez de force ses trésors à la terre. Elle nous nourrissait et s’épanouissait parce qu’elle nous aimait. » Les Elfes veulent tuer les deux amis pour cacher leur existence, mais boucalicorne s’y oppose.

La jeune fille qui guide les paysans, Lille, se rélève être la déesse Danamebi, ou Dana Méabdh, la reine, ou la vierge des champs. Son pouvoir est si grand que sa présence suffit à augmenter la fertilité de tout ce qui l’entoure. Lille répond à la supplique des Elfes et part avec eux dans les montagnes. Pour prix de leurs travaux, Geralt conserve le livre, et Jaskier reçoit un nouveau luth. Jaskier propose de faire une balade de cette histoire. Pourquoi ne pas l’appeler » le bout du monde « , lui propose Geralt. La défense de la nature, l’écologie, est incarnée par un peuple qui nous rappelle les Navis d’Avatar.
La voie de la raison 6
Geralt et Nenneke sont dans une grotte où la prêtresse ramasse des herbes pour ses potions. Elle cherche du touche-cœur, une plante capable de neutraliser tous les venins et toxines connues. Ces plantes incroyables peuvent pousser dans cette caverne car la lumière du soleil est filtrée par un cristal qui la purifie. Malheureusement, les êtres en dehors de la cave n’ont pas de tels cristaux pour les protéger de la lumière du soleil.
Nenneke souhaite que Geralt reste au temple. Geralt veut partir. Il ne veut pas que Yennefer, sa véritable compagne, le retrouve. Ils ont vécu ensemble, mais il est parti sans prévenir. Nenneke révèle à Geralt qu’elle est déjà venue au temple, pour essayer de trouver une cure à son infertilité. « Personne ne pourra l’aider, c’est absolument impossible. C’est une magicienne. Comme la plupart des magiciennes, elle a les gonades atrophiées (…). Elle ne pourra jamais avoir d’enfant ». Toutes les magiciennes ne souffrent pas de ce trouble, mais Yennefer a payé certains savoirs faire aux dépends d’autres capacités. Elle cherche l’impossible, comme Geralt quand il cherche à redevenir un homme, malgré les mutations de sorcelleurs.
Les deux héros partagent en commun de ne pouvoir avoir d’enfant. Ils ont tous les deux en quelque sorte échanger leur pouvoirs magiques et leur force, contre leur pouvoir créateur. L’idée est belle, qui fait du pouvoir de pro-création la source du pouvoir de transformation propre à la magie.

Nenneke recommande une fois de plus à Geralt une cure par la transe. Geralt refuse à nouveau. Il ne veut pas que Iola se mette à prophétiser pendant la transe. Nenneke demande à Geralt de lui raconter sa rencontre avec Yennefer. Gerlat commence le récit. Jaskier et lui étaient partis pêcher.
Le dernier vœu
Jaskier et Geralt ont faim. Ils pèchent, mais ne ramènent rien. Tirant l’une des lignes, Jaskier remonte un tas d’algues qui comprend une amphore fermée d’un sceau. Geralt lui ordonne de ne pas y toucher. Mais Jaskier ne lui obéit pas. Il ouvre la jarre et libère un génie, un Djinn. Jaskier, suivant la légende, fait ses trois vœux au Djinn. Loin de lui obéir, celui-ci l’attaque de toute sa puissance et lance un mal étrange sur la gorge du barde. Geralt lance une formule d’exorcisme au Djinn, qui s’éloigne dans le ciel.
Le sorceleur cherche de l’aide à Rinde, la ville la plus proche, pour soigner son ami. Las, tous les druides, prêtres et magiciens ont quitté la ville et même la Rédanie, suite à la mise en place d’un impôt sur la magie par Neville, le bourgmestre. Geralt apprend alors d’un elfe nommé Chireadan, qu’une magicienne très puissante est restée en ville, profitant du statut diplomatique de Beau Berrant, en vertu du droit d’asile, son logeur. Mais l’elfe met en garde Geralt contre cette magicienne, une certaine Yennefer de Vengerberg.
Geralt se rend chez Beau et demande de l’aide à la magicienne aux yeux violets, au parfum de lilas et à l’odeur de groseille à maquereau. C’est la première fois que Yennefer rencontre un sorceleur. Ils prennent un bain ensemble. Yennefer contemple le loup blanc, mais masque sa propre nudité par magie, ne laissant apparaître que les contours de son corps au contact de l’eau et du savon. Questionnant Geralt, elle comprend qu’il s’agit d’un Djinn. Yennefer apprend qu’il reste un vœu à faire à Jaskier et elle accepte de l’aider.
Pendant que Yennefer soigne Jaskier, l’elfe parle avec Geralt. Il raconte comment les magiciennes sont formées durant de nombreuses années d’étude, soumises à des mutations somatiques, et que personne ne veut de magicienne dans sa famille. Seules les filles qui n’ont aucune chance d’avoir un mari deviennent magiciennes. « Au contraire des prêtresses et des druidesses qui ne recrutaient les jeunes filles laides ou infirmes qu’à contrecœur, les magiciens acceptaient toutes filles manifestant quelques prédispositions. » Si l’enseignement se déroulait correctement, les laideurs étaient dissimulés par magie. Les magiciennes se doivent d’être séductrices. « Des laiderons incapables d’oublier leur laideur dissimulée sous un masque magique, cachée non pas pour les rendre heureuse, mais pour le seul prestige de leur profession ».
Yennefer libére Jaskier. En paiement, elle demande à Geralt le sceau qui fermait la bouteille du Djinn. Yennefer a mis au point un piège pour capturer le Djinn, dans l’espoir de s’accaparer ses pouvoirs. Geralt accepte de lui donner le sceau en échange de Jaskier. Yennefer refuse. Elle a besoin que le barde fasse son troisième vœu pour que le Djinn libéré de sa promesse, tombe en son pouvoir. Elle jette un sort à Geralt en l’embrassant.
Geralt se réveille en prison. Le sort de Yennefer l’a conduit à attaquer tous les ennemis de la magicienne en ville et à se faire arrêter par la police. Geralt est convoqué devant Neville, le bourgmestre, et son grand prêtre Krepp, et Geralt fait le récit des événements. Le Djinn se met alors à attaquer la ville. Il se bat avec Yennefer qui tente de l’attraper. Tout à coup, Jaskier arrive dans la salle par un portail magique. Il fait son dernier vœu. Il souhaite que tout le monde croit le sorceleur innocent. Le vœu n’est pas exhaussé. Krepp et Geralt comprennent alors que Jaskier n’est pas le maître du Djinn et que Yennefer n’a aucune chance. Krepp rouvre le portail magique utilisé par Jaskier et Geralt s’y précipite pour faire le chemin dans l’autre sens et rejoindre Yennefer.
Commence alors un combat entre le Djinn, le sorceleur et Yennefer. Durant le combat, Krepp explique que les magiciens tirent leur pouvoir des 4 éléments, eau, terre, air, et le feu. Pour puiser la magie des éléments, les magiciens doivent consommer eux-mêmes une grande quantité d’énergie. Chaque domaine élémentaire a ses Djinns. Les Djinns ont le pouvoir de convertir la puissance des éléments en puissance magique. Ils permettent aux magiciens qui les contrôlent d’avoir une source de pouvoir magique quasi inépuisable. C’est ce que recherche Yennefer, même si l’on ne connaît qu’un ou deux cas de magiciens ayant réussi cette entreprise.
Le combat fait rage. Yennefer ne se laisse pas faire, ni par le Djinn, ni par Geralt. Le sorceleur finit de tomber amoureux de la magicienne et il a tout à coup une vision durant laquelle elle lui est révélée sans sa magie, bossue, laide, brisée. Geralt trouve alors le vœu qu’il doit faire, après le vœu ayant fait fuir le Djinn loin de Jaskier et le vœu ayant entraîné l’explosion de la tête du garde. Les paroles ne nous sont pas révélées, mais on comprend que Geralt a demandé au Djinn que Yennefer tombe amoureuse de lui en retour de son amour. « Ton vœu.. J’ai entendu ce que tu souhaitais. (…) Yennefer l’embrassa et il comprit que plus jamais il ne désirerait d’autres lèvres (…) Je ne sais pas si pareil vœu peut se réaliser (…) mais si c’est le cas, tu t’es condamné. Tu t’es condamné à moi. » Le voeu de Geralt sauve Yennefer, l’empêchant désormais de désirer le Djinn et renonçant à ses pouvoirs.

Ainsi nait l’histoire d’amour entre Geralt et Yennefer. Le conte s’inspire librement du Pêcheur et du Djinn des 1001 nuits. Ici le Djinn est mauvais et son pouvoir dangereux. Il permet de montrer le mystère de l’amour, à la fois total et indépendant d’une vraie connaissance de l’être aimé. Le sort remplace ici le fameux coup de foudre. Yennefer aurait-elle aimé Geralt sans que le pouvoir du Djinn ne s’en mêle? Les dès sont jetés, la vérité des émotions et l’amour reste parfois éternellement mystérieux.
La voie de la raison 7
Geralt et Jaskier retournent au temple de Nenneke. Geralt est attendu par l’Ordre. Falwick ordonne à Geralt de répondre au défi lancé par Tailles. Jaskier argumente que Geralt n’est pas chevalier et ne saurait donc combattre un noble. Falwick précise que l’Ordre obéit à son propre code, et non à celui de la chevalerie. Dennis Cranmer, représentant du Bourgmestre, encadre les débats. Geralt ne peut ni tuer, ni blesser Tailles. Geralt doit juste être blessé. Geralt finit par accepter le combat. Par une botte puissante, il retourne l’épée de Tailles qui se blesse lui-même largement au visage. Dennis affirme que les règles ont été respectées. Contrairement à Falwick, il suit la voie de la raison. Geralt peut poursuivre son chemin.
Juste avant son départ, Iola apporte son coffret de potions au sorceleur et frôle sa main. Elle tombe dans une transe violente. Une vision de sang, de douleur, de pattes hérissées de piquants et de dents pointues. Nenneke a vu elle aussi une partie de la vision et demande à Geralt de ne pas partir. Le sorceleur confirme qu’il a déjà vu cette vision plusieurs fois. Et il part malgré tout.
Un chef d’oeuvre ?
Le premier tome des aventures de Geralt s’arrête là. Tout y est intéressant. Le récit non linéaire, présentant les grands épisodes de la vie de Géralt, en reprenant la forme des contes de fées. L’univers n’en est pas moins assez systématiquement posé, avec ses différentes espèces, les elfes, les vampires, les magiciens, les sorcelleurs, et ces différents rois et royaumes, avec Foltest, et la Témérie, Catane et Cintra. L’auteur mélange les univers des contes de fées, de la fantaisie, tout en reprenant également quelques codes de la Guerre des Étoiles.
Il nous présente aussi les principaux personnages. Geralt est une sorte de chevalier Jedi du Moyen Âge. Il a des pouvoirs qui ressemblent à ceux de Luke Skywalker. Il utilise une épée spéciale, peut déplacer les objets à distance, enfin surtour pour les projeter sur ses ennemis. C’est un grand guerrier luttant contre le mal et appartenant à un ordre. Il ne peut pas avoir d’enfant, mais peut avoir un disciple, comme un padawan. En revanche, c’est un grand séducteur. « witcher », pouvant signifier celui qui séduit les magiciennes, et il ne s’en privera pas. Yennefer est une magicienne en quête de pouvoir. Comme Geralt, elle ne peut pas avoir d’enfant. Comme lui, elle a vécu une transformation, de la jeune fille laide et bossue à la belle magicienne de cour. Jaskier est un peu l’auteur intégré dans l’histoire. Il est l’ami de Geralt, mais aussi le conteur, le barde, peut-être celui grâce auquel ses histoires d’un temps révolu nous sont arrivées.
Les personnages sont tous brisés, presque écartelés entre leurs dimensions humaines et leurs caractères monstrueux. Ils le sont encore plus par les dilemmes moraux dans lesquels ils sont plongés. Faut-il pardonner ou se venger? Faut-il rester pur, mais ne rien faire, ou accepter un moindre mal qui reste un mal? Faut-il tuer tous les monstres, ou lutter contre le mal? Comment comprendre, et c’est la plus grande interrogation du livre, notre propre destinée? Les contes de fées plongent aux racines de notre psychée enfantine. The Witcher y ajoute avec succès la forme du conte philosophique.
Ciri n’est pas encore présente. Elle sera le personnage central de cet univers, réunissant tous ses thèmes. A la fois elfe et magicienne, monstre et humaine, enfantée par ses parents, éduquée par sa grand-mère et adoptée par Geralt et Yennefer, elle aura plusieurs vies dès ses premières années. Plusieurs ruptures, plusieurs destins avec lesquels elle devra apprendre à vivre.
Pour aller plus loin dans l’analyse du destin, c’est en suivant ce lien.
Annexe – la magie, le destin
Les tomes 2 et 3 du Witcher se concentrent sur des sujets un peu moins liés à la magie et au destin que le premier tome. Malheureusement, la qualité du récit est beaucoup moins bonne, malgré ce que de nombreux fans rapportent. Nous ne retrouvons jamais l’intensité, l’inventivité te les enjeux du premier tome. Il faut attendre la fin du troisième tome pour revenir sur les sujets qui nous intéressent. Après avoir été formée comme sorceleuse au château de Kaer Morhen, Ciri est envoyée chez Nenneké, la mère du culte de Melitele. C’est là que Yennefer, la magicienne, vient la chercher. Nous reprenons notre commentaire à partir du chapitre 7 du tome 3, Le sang des Elfes.
Yennefer dévoile les secrets de la magie à Ciri, et par la même occasion, Andrzej Sapkowski nous livre un cours de magie d’une grande cohérence.
Les magiciens ont le don de pouvoir canaliser la force du chaos qui s’agite dans la nature. La magie se sert de cette force chaotique. Elle la canalise et la transforme en créations diverses. Les premiers cours de Ciri sont centrés sur l’apprentissage de la sensation de la magie. Sentir la force qui vient des quatre éléments, repérer les endroits spécifiques, les « intersections », où elle s’exprime. Puiser cette force grâce au don, cette aptitude particulière offerte par la nature uniquement aux magiciens, et ensuite restituer cette force par des mouvements de mains pour créer des choses nouvelles. Le magicien puise les forces de transformation directement dans la nature, puis les métabolise grâce à leur propre puissance créatrice, génitrice, et les restitue. La restitution se fait la plupart du temps par des formules magiques dites en langue elfique, la langue ancienne de l’univers du roman.
La description de la force rejoint par de nombreux points celle de Star Wars, mais aussi celle des présocratiques et leur théorie des quatre éléments. C’est comme une synthèse de ces deux courants. Les premiers pouvoirs du magicien sont kinétiques. Il s’agit d’apprendre à utiliser la force comme un souffle pour déplacer des objets à distance, comme les Jedis. Yennefer explique qu’il s’agit d’un « signe », c’est-à-dire de l’utilisation d’un pouvoir magique qui ne nécessite pas de formule magique, mais uniquement un mouvement des mains. Ce pourquoi les sorceleurs peuvent également s’en servir, notamment pour repousser leurs ennemis. Le signe du souffle est le signe d’Aard, qui fait le bonheur des adeptes du jeu vidéo. Les sorceleurs sont d’ailleurs également nommés les sourceliers dans ce tome. Un nom qui évoque un rapport à la source, au chercheur d’eau, mais aussi celle à laquelle l’on va puiser la force. L’utilisation de la force fait mal au ventre des femmes, signe que leur pouvoir géniteur est impliqué, et cela quand bien même Ciri serait vierge et Yennefer stérile. Yennefer a sacrifié son pouvoir de devenir mère pour augmenter ses capacités magiques.
La formation de Ciri est aussi psychique, et / ou psychologique. Yennefer la laisse lui poser toutes les questions qu’elle veut. Ciri, belle jeune fille, s’interroge sur la virginité et la perte de son hymen. Elle s’interroge également sur Géralt et Yennefer. La magicienne répond, et en retour questionne Ciri sur son passé. Ciri a perdu toute sa famille, d’abord ses parents dans un naufrage, puis sa grand-mère dans la bataille de Cintra, ne veut pas en parler. Pour elle, tout cela est du passé. Une autre vie qui n’existe plus. Elle a recommencé une nouvelle vie grâce à Geralt et à son nouveau destin de sorceleuse. C’est l’histoire de l’enfant au passé tragique qui reconstruit sa vie avec ses parents adoptifs, ou de substitution, Geralt, nouveau père, Nenneke nouvelle grand-mère, et Yennefer, nouvelle mère. Ciri a un don de double vue. Yennefer la guide dans ses visions d’avenir, comme dans celles portant sur un passé très ancien. Elle « ouvre la porte de sa mémoire ». Comme Yoda avec Luke Skywalker, l’enseignement de la force combine le développement de la force dans le monde réel et l’accès à la vision du destin. Yennefer utilise une forme d’hypnose pour aider Ciri à se ressouvenir. Ciri commence également à développer des pouvoirs de transmission de pensées, de télépathie. Elle devine, ou plutôt « entend » Yennefer penser. Bientôt, les deux magiciennes peuvent parler en silence.
Le reste de l’oeuvre n’apporte pas de grandes innovations. Le jeu, The Wichter 3, développe mieux les aventures que les livres, ce qui explique sans doute son immense succès.
Pour continuer à rêver et explorer les principaux thèmes de The Witcher, vous pouvez aller sur cet article, qui révèle le secret caché de l’histoire, et de notre histoire.