Il est une remarque qui revient souvent chez ceux qui pensent ne pas avoir fait suffisamment d’études. Ils pensent qu’ils n’ont pas eu accès à la « culture », et le vivent, ou au moins le présentent, comme un manque, une aspiration inaboutie. Il leur serait assez simple d’y remédier une fois adulte, tant les sources culturelles sont aujourd’hui plus disponibles que jamais. Surtout, s’ils savaient à quel point il est difficile d’avoir ne serait-ce qu’un vernis de culture générale, et à quel point cette forme de culture est rare dans une société qui privilégie toujours plus, pour des raisons économiques, la division du travail, ils seraient bien plus détendus.
Pourquoi pourtant, malgré des années passées en classe, autant de personnes pensent ne pas avoir les bases de la culture générale? Pour deux raisons sans doute. Ils idéalisent ce qu’est cette discipline. Et ils pensent qu’elle ne leur a pas été enseignée, parce qu’ils ne voient pas clairement à quoi elle correspond.
Qu’est-ce que la culture générale?
Au sens large, la culture générale est la culture et la connaissance de tout ce qui existe et a été produit par les hommes. Son acquisition totale et complète est tout simplement impossible et nous renvoie au mythe d’une connaissance parfaite de tout, au personnage de Faust qui a supposément fait le tour de tous les savoirs humains. C’est aussi contradictoire avec l’idée de généralité, qui exclue l’idée d’une culture spéciale portant sur tout ce qui existe.
Il nous faut réduire cette ambition d’exhaustivité, un peu vaine tout de même, pour revenir sur le sens de « générale » et nous concentrer sur les éléments que l’on peut acquérir via un enseignement scolaire. Il s’agira donc d’enseigner des bases, des grandes lignes, et non la totalité des choses et des êtres. Le but de cet apprentissage est de développer une connaissance générale de l’humanité, une curiosité pour le destin des hommes, et ainsi de devenir tolérant face à la diversité des coutumes, religions, pratiques, pays, etc.
La culture générale repose principalement sur la connaissance des grandes lignes et des grands moment de l’histoire humaine. Elle rejoint les projets encyclopédiques, de l’Enquête d’Hérodote, l’inventeur de l’histoire, à Wikipédia, en passant par l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Elle inclut l’histoire universelle, la géographie, les grands mythes des grandes civilisations, la diversité des religions, la connaissance des principales œuvres de l’art et de l’esprit.
Comment organiser son enseignement?
Elle regroupe ce qui est aujourd’hui divisé en plusieurs matières: histoire, géographie, français, puis en terminal, philosophie. Le plus simple serait de fusionner ces disciplines séparées pour les regrouper dans un seul enseignement systématique.
Cet enseignement pourra commencer en seconde ou en troisième et remplacerait l’enseignement trop centré sur le français qui existe actuellement. La littérature française est merveilleuse. Mais a-t-elle été écrite pour les enfants? Quel plaisir peut on prendre à 14 ans à lire le Père Goriot ou les Mémoires d’Hadrien? Quel intérêt pour un adolescent de lire Madame Bovary et comment pourrait-on trouver un livre plus éloigné de toutes ses préoccupations? C’est en les lisant à 40 ans qu’ils prennent toute leur puissance.
Parlez au contraire aux jeunes de la naissance de l’univers, de la manière dont se sont constitués les empires, du juste et de l’injuste, et vous aurez leur attention. L’enseignement religieux, à partir de 7-8 ans chez les musulmans, plus jeunes encore chez les juifs, n’hésite absolument pas à aborder les questions les plus complexes de l’origine de toute chose à l’organisation politique. Il n’y a aucune raison valable pour que l’école, le collège et le lycée laisse aux religions cet avantage cette place dans l’éducation intellectuelle des enfants.
Pour les enfants…
Il existe aujourd’hui une véritable panoplie d’outils mis à la disposition de tous et qui peuvent séduire même les enfants. Il y a bien sûr la célébrissime collection Il était une fois, qui comprend plusieurs série : l’homme, les découvreurs, les inventeurs, la vie, l’espace.
Géronimo Stilton, une collection jeunesse venue d’Italie raconte l’histoire d’une souris qui voyage dans le temps. 8 tomes ont déjà été écrits et permettent de découvrir les grandes périodes et les grandes civilisations de l’histoire de l’humanité.
La maison Usborne, propose de nombreux et excellents ouvrages : Mythes Grecs, Saga nordique, 1001 nuits.
La collection Flammarion jeunesse propose également de nombreux titres: le Ramayana, les métamorphoses d’Ovide, etc. Il existe également de bonnes initiations aux religions monothéistes en bande dessinée.
Pour l’histoire de France, il existe une version bande dessinée et ses nombreux tomes annexes dédiés aux grands événements et aux grands hommes.
Au collège
L’un des problèmes que pose de la Culture générale, qu’elle partage avec toutes les autres disciplines, est la difficulté à retenir les éléments sur le long terme. A moins d’avoir une mémoire impressionnante, nous oublions tous la plus grande partie de nos cours d’histoire et de littérature. C’est normal. L’idée est d’être capable de replacer un événement historique dans son contexte, de comprendre que tout change dans un monde humain, qu’il a de grands ensemble, etc. Mais pas de se rappeler de tout, ce qui est impossible.
Là encore les éditions Usborne se distinguent avec une véritable Histoire du monde en bande dessinée. Magnifique ouvrage (mais un peu dense pour les enfants), qui présente presque la totalité des civilisations ayant existées. La collection Images Doc propose également de nombreux ouvrages, sur l’histoire, les inventeurs, la médecine, etc.
Ah oui, cela fait un grand nombre d’ouvrages à lire! Et encore, nous ne mentionnons pas tous les ouvrages de littérature qu’il faut avoir lu: Homère, Hésiode, Ovide, etc. Heureusement que la bande dessinée est venue à notre secours ces dernières années pour rendre tout ceci beaucoup plus accessible.
On pourra compléter par des ouvrages de vulgarisation plus spécifiques, sur l’histoire des sciences, de l’art, etc.
Au lycée
Il reste 3 ans pour attaquer les choses sérieuses. Entre le collège et le lycée, si le goût est là, on peut s’intéresser à certains sujets plus spécifiques.
La collection Les Encyclopes chez Milan, est d’une grande rigueur, vraiment intéressante.
Les deux ouvrages ci-dessous sont excellents. Ils permettent de réviser, donnent une vision complète de la matière et de nombreuses pistes pour aller plus loin. Parfait pour les classes préparatoires!
Au bonheur d’apprendre
La seule et véritable motivation pour s’initier à la culture générale est le plaisir pris à l’apprentissage, à la découverte, à l’ouverture au monde. Cet enseignement est en grande partie « gratuit », le plaisir qu’on y trouve en est la principale récompense. Hormis quelques écoles, comme Sciences Politiques, il n’y a pas, et compte tenu de l’extension de la discipline, il ne peut pas y avoir de sanction ou de contrôle qui fonctionne réellement et sanctionne un « savoir ».
Cet apprentissage peut continuer tout au long de la vie et prendre les formes les plus agréables: lecture, films, voyages, expositions, documentaires, discussions avec des personnes d’horizons différents. Il permet de comprendre le monde dans lequel nous vivons et de mieux nous y situer en participant à la mémoire universelle.
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