Le rythme des apprentissages (6/6)

De nombreuses études ont déjà montré les bons rythmes à suivre pour permettre un bon apprentissage chez les enfants. Il suffit d’en rappeler les conclusions, qui concernent les rythmes journalier, hebdomadaire et annuel.

L’organisation de la semaine

Le rythme de sommeil

Le meilleur rythme, pour les enfants comme pour les parents, est un rythme stable. Pour être en forme, il faut éviter les décalages d’heure de coucher et de lever. Ni le mercredi, ni le week end ne doivent constituer des exceptions. Le décalage horaire, sous toutes ses formes, est un choc pour l’organisme, y compris le changement d’heure, que la Commission européenne est en train de supprimer.

Le meilleur rythme est donc de se coucher tôt, de se lever tôt, et de ne pas se décaler pendant le week end. Les poules ont raison! Il suffit de les écouter.

Les études sur le sujet reviennent régulièrement, qu’il s’agisse des enfants ou des adultes. La dernière en date souligne les effets de la grasse matinée.

https://www.lepoint.fr/sante/faire-la-grasse-matinee-le-week-end-ne-serait-pas-une-bonne-idee-17-04-2019-2308313_40.php

http://www.leparisien.fr/vie-quotidienne/sante/ne-dereglez-pas-votre-horloge-biologique-20-11-2017-7402857.php

Pour information, les rythmes de sommeil des enfants différents de ceux des adultes. Les enfants arrivent plus rapidement en sommeil paradoxal.

troubles-sommeil-enfant-age
Cycle sommeil

Le rythme d’apprentissage

Le ministre de l’éducation Vincent Peillon avait installé en 2013 une nouvelle organisation des rythmes scolaires. Revenant sur la réforme de son prédécesseur (comme il est de coutume quand on tourne en rond), M Peillon s’appuyait sur le travail des chronobiologistes pour expliquer que les apprentissages étaient mieux réalisés lorsque la semaine n’était pas coupée par le mercredi chômé.

M Peillon a défendu une réforme de bon sens. La France était le seul pays au monde a avoir une coupure en milieu de semaine, une anomalie héritée la mise en place de l’enseignement laïc par Jules Ferry. Il est évident que la coupure du mercredi casse le rythme des apprentissages et nuit à l’acquisition et à la répétition nécessaire au primaire. En plus cette réforme a permis dans de nombreuses écoles de développer des enseignements complémentaires lors du temps libérés pendant les après-midi. Ce sont les fameux ateliers de danse, yoga, échec, football, qui permettent de rapprocher notre modèle des modèles anglo-saxons et nordiques, où l’enseignement se concentre en matinée et où l’après-midi est dédié à d’autres formes d’enseignements.

Le mauvais accueil reçu par la réforme est symptomatique des résistances au changement de notre pays. Les contestations ont porté sur deux points:

-Le rythme lui-même, qui changeait les habitudes des enseignants en les obligeants à travailler le mercredi, auparavant chômé. Les écoles catholiques qui continuent à privilégier l’école du samedi et à chômer le mercredi ont évidemment refusé d’appliquer la réforme.

-Plus objectives, les critiques concernant le financement de la réforme, redescendu aux régions ou aux villes, alors qu’il faut financer 3 heures d’activité en plus par semaine.

Ces objections n’ont rien à voir avec le fond de la question. Elles montrent à contrario que la réforme est bonne pour les enfants, puisque c’est le point le moins contesté.

Le rythme d’apprentissage doit s’étaler sur toute la semaine. Même le samedi matin peut être mis à profit, pour des enseignements classiques, les révisions de la semaine et / ou des activités sportives ou artistiques.

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Autre source intéressante: http://www.ortej.org/actualites/article/4-jours-ou-4-jours-et-demi-n-oubliez-pas-l-enfant

L’organisation de l’année

Le poids des traditions

Là encore, il suffit de suivre les recommandations des chronobiologistes. Les enfants ont besoin d’une pause de deux semaines toutes les 6 à 7 semaines. D’ailleurs, en entreprise, de nombreux adultes suivent le même rythme et prennent des pauses tous les deux mois.

Ce rythme est bien celui suivi par l’éducation nationale, renforcé par l’allongement des vacances de la Toussaint à deux semaines en 2012, là encore voulu par le ministre Vincent Peillon. Reste toujours l’épineuse question des grandes vacances.

Les grandes vacances durent à peu près deux mois, environ du 1er juillet au 1er septembre. Elles ont été crées après la Première Guerre mondiale, pour que les enfants puissent retourner aider leurs parents aux travaux des champs. En pratique, pour les élèves du collèges ou du lycée, elles durent maintenant légèrement plus de deux mois. Les élèves du collèges finissent une semaine avant. Ceux du lycée peuvent finir deux semaines avant pour permettre l’organisation des épreuves du baccalauréat. Sans même parler des rythmes catastrophiques de l’Université qui laissent tant les élèves livrés à eux-mêmes pendant de long mois.

Dernier point à relever, en plus des grandes vacances, la période allant des vacances de Pâques aux grandes vacances est en général plutôt de 9 semaines, entrecoupée de ponts plus ou moins longs. Le rythme est sans cesse cassé durant cette période, ce qui explique, en plus du beau temps et du printemps, l’inefficacité relative du dernier trimestre.

Dans tous les pays, le poids des traditions et de la culture impacte à un moment où un autre les rythmes biologiques. On sait que le système français est difficile à réformer compte tenu du poids de l’industrie des congés, des sports d’hiver, des congés d’été, et du tourisme en général. La France est le pays qui a inventé le Club Méditerranée. Les colonies de vacances ont un poids culturel et symbolique incontournable. Il est quasiment inenvisageable de les modifier.

Les grandes vacances constituent un puissant vecteur d’inégalité. Les vacances pèsent lourd dans le budget des ménages. Il faut être aisé pour pouvoir offrir des vacances de qualités aux enfants. C’est également souvent à ce moment que les enfants de milieux aisés partent en voyage à l’étranger pour faire des stades linguistiques.

Que faire?

Les deux points à améliorer concernent la période de Pâques à fin mai et les grandes vacances. Pour la période de Pâques, le plus simple est de donner plus de congés aux élèves. Certaines écoles, notamment catholiques, donnent un pont, par exemple celui du 1er mai, et pas le second. C’est une bonne méthode. Il est inutile de faire venir les enfants un jour, puis d’avoir un jour de congé, puis de revenir, etc deux ou trois fois dans le mois. Une autre solution est carrément de prendre une semaine de vacances en plus. Loin de nuire aux performances, cela permet au contraire de remotiver correctement les enfants sur la période restant à travailler en distinguant clairement les périodes de pause et les périodes de travail.

Concernant les grandes vacances, la solution la plus simple consiste à suivre, là encore, les recommandations des chronobiologistes. Il suffit de laisser aux enfants deux semaines de congés au début des vacances, puis deux semaines encore avant la rentrée. Entre les deux, il reste environ un mois qui peut être mis à profit pour les enseignements. Un mois entier qui pourrait être récupéré pour l’enseignement! Multiplié par le nombre d’années passées avant le baccalauréat, cela fait tout simplement 13 mois plein, ou plutôt 52 semaines de travail en plus. L’année scolaire comptant entre 34 et 36 semaines, on pourrait gagner un à un an et demi de scolarité en plus sur la même période de temps, sans nuire aux enfants. Au contraire, les rythmes étant mieux construits, la rentrée en sera d’autant simplifiée.

Pendant ce mois en plus, on laissera tomber les traditionnels « cahiers de vacances » qui donnent à peine bonne conscience et n’apprennent rien. Ils sont bien trop confus. On privilégiera un programme défini de révisions et de progression, sur le modèle de l’enseignement à distance, ce qui permettra de poursuivre les apprentissages en restant dans le cadre des enseignements scolaires.

On peut trouver de bons programmes ici: http://www.cned.fr/scolaire/ecole

Il y a toujours quelque chose à apprendre, on trouvera facilement des contenus. Nul besoin de travailler toute la journée, l’attention des enfants ne le permet pas. 3 heures maximum par jour sont largement suffisantes. Le reste du temps pouvant être consacré aux autres activités: lecture, sport, jeux, etc.

Il y a deux obstacles à la mise en oeuvre de ce mois supplémentaire:

-Le fait que l’on ait appris aux enfants que ce sont les grandes vacances. Ils peuvent vivre cette période complémentaire de travail comme une injustice. L’idéal serait de travailler en groupe, leurs amis, ou condisciples, ayant les mêmes obligations.

-L’organisation familiale nécessaire, puisqu’il faut soit trouver des professeurs, soit superviser soi-même le travail, soit les deux.

Temps de travail et organisation des journées

La France, qui n’en est plus à un paradoxe près, est l’un des pays où le temps d’enseignement est le plus long au monde. Pendant tout le primaire, l’enseignement est de 24 heures par semaine et de 864 heures annuelles ( source: https://www.education.gouv.fr/pid285/bulletin_officiel.html?cid_bo=95203 ).

Au collège, la situation ne change pas beaucoup. Le temps d’enseignement est de 26 heures hors option. Une option fera monter le nombre d’heures à 28 heures.

Cliquer pour accéder à comparaison_europe.pdf

Mais si l’on regarde les capacités cognitives et la capacité réelle à apprendre, le nombre d’heures disponibles pour un véritable enseignement correspondant à un progrès intellectuel, est très limité. De 20-25 minutes en maternelle à 45 minutes au collège pour les maths et la même durée quotidienne pour le français. Il y a environ 2 ou 3 heures vraiment utiles et encore 3 heures qui peuvent être utilisées pour les autres activités. Le temps dévolu aux différents apprentissages sera à organiser en suivant ces capacités.

Annexes:

https://blogs.mediapart.fr/andrew-batell/blog/310113/applications-de-la-chronobiologie-la-planification-des-cours-et-aux-rythmes-scolaires

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