Hommage à John Williams

Les puristes de la musique classique, qu’ils n’hésitent pas à casser leur tirelire (et leurs lombaires) pour aller communier à Bayreuth, temple de Wagner, ou acclament Verdi, du plus profond des arènes de Véronne à grands renforts de Bravissimo, voudraient tous nous faire croire que la musique classique est désormais un art mort et disparu. Il a suffi d’un génie au XXème siècle pour les contredire complètement, et ce génie est John Williams.

Williams, aidé de quelques autres, a réussi le tour de force d’imposer la musique classique et de la rendre plus populaire qu’elle ne fut jamais dans toute l’histoire de l’humanité. Que serait Hollywood et le cinéma moderne sans lui? Découvert par Spielberg qui lui confia la musique des Dents de la mer, Williams vient d’une famille de musicien. Son père était percussionniste. Williams pratique de plusieurs instruments avant de devenir chef d’orchestre et compositeur. S’il a écrit principalement pour commande et pour le cinéma, Williams a également composé quelques symphonies qui ont toute en commun d’être extrêmement courte pour cette forme d’art. Williams est un poète. Il touche le sommet de son art dans ces morceaux brefs et inspirés qui ont fait sa renommée. Il a été nominé 47 fois aux oscars et remporté 4 statuettes, sans même parler de ces innombrables prix.

Star wars

Si quasiment toutes ses compositions sont des succès, des Dents de la mer à Harry Potter, c’est avec Star Wars que le talent de Williams explose littéralement, et ce n’est pas un hasard. Qui ne connaît par cœur le thème de la force, la marche de Dark Vador, l’introduction explosive ou encore le thème de Rey dans la troisième trilogie?

Williams trouve ce qu’il aime le plus, des airs courts, extrèmement synthétique attachés à des thèmes mais surtout à des héros. Le cinéma, contrairement au théâtre classique ne peut pas supporter de long dialogue permettant de présenter la psychologie des personnages. Le cinéma est tourné vers l’action et le mouvement. Les paroles sont brèves. Les échanges souvent courts. L’image prend naturellement toute la place. La musique de Williams s’inscrit tout naturellement dans ce cadre et vient remplacer ces longues descriptions et méditations que l’on trouve dans les romans. Il nous suffit d’entendre l’air de Rey pour comprendre, s’approprier et s’attacher au personnage. Aucun discours ne saurait mieux dire ce qu’est la Force que les trouvailles de Williams. On pense encore aux combats contre le Sith Dark Maul, et sa musique intitulée Duel des destins, où à la scène du mariage entre Padmé et Anakin.

La musique touche directement les émotions sans passer par la raison. Elle n’a pas besoin de langage articulé. Elle n’a pas besoin d’image, ni de forme solide comme la sculpture. De tous les arts, la musique est le plus immatériel. Elle est, comme le définit Kant qui semble bien baser ses analyses esthétiques sur la musique, sans concept. Quand elle est belle, elle semble venir d’ailleurs et descendre tout droit des planètes, comme le soutenait Pythagore, ou revenir du royaume de la mort, comme le Requiem de Mozart. La grande musique semble relier directement les émotions et le destin, jeter un pont entre le plus intime du coeur et le plus cosmique de l’univers, le tout sans passer par la raison argumentée et logique. Elle nous prouve que nous ne touchons pas la transcendance uniquement par l’universel, mais aussi par ce qu’il peut y avoir de plus singulier dans le caractère, la personnalité et la vie qui nous est échue par les puissances cosmiques. Nos émotions aussi sont rattachées à l’univers. Dernier paradoxe, la musique objective ce lien grâce à la mathématique de la distribution des notes de musique.

Dans Star wars, les airs de Williams évoquent tout cela en même temps. Ils sont l’âme, mais aussi le destin des héros, ce pourquoi ils se marient aussi bien à cette histoire intergalactique. Ils relient les héros à leur destin cosmique, tissent les liens entre les planètes et donnent corps à cet univers si variés. Ils en sont le style, ils en sont l’âme. C’est tout naturellement que Williams continuera son parcours en composant la musique d’Harry Potter, donnant un son à l’au-delà et là magie avec le thème d’Hedwige.

Les films de Star Wars ont, malheureusement, pris un sacré coup de vieux avec les nouvelles productions Marvel et les Avengers. La musique de Williams n’a pas pris une ride. Dans 100 ans nous ne regarderons peut-être plus Star Wars. La musique de Williams, elle, est immortelle.

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