Pourquoi nous échouons tous face au Covid

Le débat fait rage. A l’heure du second confinement, les positions se tendent. Nous ne sommes plus très loin des injures, d’en venir aux mains, de l’appel à la désobéissance civile. Comment en est-on arrivé là?

Ce qui marque le plus les débats, comme d’habitude, c’est l’opposition des parties. La vérité est évidemment bien plus globale. Il est inutile de se renvoyer la balle. Nous avons tous échoués, individuellement, socialement et comme nation.

un peuple d’irresponsables…

Le 16 mars 2020

A la veille du premier confinement, décidé le 17 mars, le gouvernement, notamment en la personne de M Castaner, à l’époque encore ministre de l’intérieur, en appelle à la responsabilité de chacun. Avec quel résultat! Ce 16 mars, pour le malheur de tous, il fait un temps splendide, notamment à Paris. Tout le monde est dehors dans la rue, en train de boire, manger, fumer, discuter… Le soleil est le plus fort. Personne n’écoute le gouvernement. De l’insouciance à l’irresponsabilité.

Septembre 2020 – un été indien exceptionnel

Pour notre malheur encore, le beau temps en septembre a entraîné en tout cas à Paris une fréquentation maximale des restaurants et terrasses. Dès 18h et pendant tout le mois, toutes les terrasses des Halles au centre de Paris étaient littéralement bondées. Aucune chance que les gestes barrières aient la moindre efficacité. Les masques étaient ôtées, les distances non respectées.

Jeunes cons de la dernière averse et vieux cons des neiges d’antant

Brassens l’avait bien chanté: « Quand on est con, on est con ». On oppose les jeunes et les vieux, mais ils sont tous responsables. Les vieux d’abord ont refusé le confinement des plus âgés, c’est-à-dire les plus fragiles. Normal dans une gérontocratie où les vieux cumulent pouvoir et argent, cette génération du baby-boom qui a connu une vie de paix et de prospérité jamais vue sur terre, et qui a tout démoli! On aura une pensée particulière pour P. Brucnker qui a défendu le droit du dernier été pour les vieux, ou BHL qui nous fait une révolution d’opérette en refusant le confinement.

Et les jeunes ? Pareil ! On apprend qu’ils ne peuvent pas vivre sans aller au bar après les cours, alors que l’on pouvait penser naïvement qu’ils se battraient pour l’ouverture des bibliothèques! Ils ne crient plus « tous aux barricades », ils ont raccourci la formule et hurlent « tous au bar! », organisent des « free parties », voir des « covid parties ». Comment ne pas halluciner devant les raves parties illégales qui se sont tenues durant tout l’été (bon, il n’y a pas que des jeunes qui y participent…)

Coupables? Oui!

Certains nous serinent qu’il ne faut pas stigmatiser et culpabiliser les français. C’est ajouter encore à l’irresponsabilité. Il faut évidemment remettre en cause le comportement de tous, les chefs d’entreprise qui n’ont pas organisé le télétravail, l’affluence dans les magasins qui n’est plus contrôlée depuis longtemps, les chaînes de cinéma qui n’ont pas bloqué la vente de billet à 50% de la capacité des salles, les théâtres qui n’ont rien fait pour s’adapter et diffuser sur internet, la foule dans le métro aux heures de pointes – avec l’absence de changement des heures allées et venues – la Poste qui se confine toute seule… etc, etc, etc !

Nous sommes tous responsables et il est essentiel pour progresser, de pointer les dérives, de les dénoncer, car c’est le seul moyen de les corriger

…gouvernés par des incompétents

Imprévoyance coupable

Mais comment le Gouvernement n’a-t-il pas vu venir voir la seconde vague? Il était tellement évident que le retour des vacances allait entraîner un brassage favorable à la propagation du virus à travers tout le pays, que nous ne pouvons même plus comprendre une telle faute logique.

Comment en est-on arrivé là? Tout simplement par un manque de prévoyance totale. Cela avait déjà été le cas avec la première vague. Rappelons-nous janvier 2020, la Chine – après une période de silence coupable – construisait des hôpitaux nouveaux H24 7/7. Le Gouvernement ne parlait même pas de la pandémie!

Le gouvernement a toujours un coups de retard. Il vit le nez rivé à l’actualité. Il réagit, mais n’agit pas. Il est débordé sur tous les sujets. Dans tous les pays anglo-saxons les facs sont passées et restées en distanciel. Pas en France. Les GAFAM sont majoritairement passées en télétravail. En France on nous explique que légalement c’est impossible…

Comment ne pas souligner l’incurie totale régnant dans les administrations, mise en lumière de manière si crue par la querelle des masques. Il en faut / ou pas, il y en a / ou pas, il faut en fabriquer / mais les autorités achètent encore en Chine. On pourrait faire un copier/ coller en remplaçant « masque » par « test ».

Le gâchis du Ségur de la santé

Mais quel mouche a piqué nos dirigeants pour qu’ils décident d’augmenter le personnel soignant au lieu de consacrer toutes ses forces à la mise en place de lits, aux respirateurs, aux recrutement d’infirmiers – et qu’il se limite à donner des primes? Cette décision, dont nous payons le prix, puisque nous voyons que l’hôpital n’est pas prêt pour une seconde vague, n’aurait-elle qu’une seule explication: la visée électoraliste à quelques mois des présidentielles?

Sur le même registre, était-il si urgent d’augmenter les professeurs et enseignants dès la fin octobre, alors que le Grenelle de l’éducation vient tout juste d’être lancé et qu’il est supposé durer jusqu’en février? Alors même que les professeurs décrocheurs du premier confinement n’ont, comme d’habitude dans cette corporation ultra-protégée – même pas été inquiétés?

On nous dit qu’il faut 10 ans pour former un médecin pouvant appuyer sur le bouton d’un respirateur. C’est tellement énorme! L’organisation corporatiste, qui commence par la création d’une pénurie de diplômés protégeant ceux qui sont en poste, est évidemment bien plus puissante que les volontés du gouvernement. Rappelons, pour donner un seul exemple criant, que malgré toute sa bonne volonté, Manuel Valls n’arrivait même pas à faire délivrer plus de diplômes de puériculteurs pour accélérer le développement des crèches privées quand il était premier ministre. Dans notre pays, les médecins se disent libéraux, alors que la sécurité sociale est partout.

La pantalonnade du PGE et du chômage partiel

Le PGE – Prêt Garanti par l’Etat

A date, 120 milliards seulement sur 400 milliards prévus ont été distribués. A peine plus du quart du montant! Et en plus, une part non encore évaluée a été distribuée a des entreprises qui n’en avaient pas besoin. Ce qui a été fait sciemment et artificiellement pour gonfler les chiffres du PGE.

Les conditions d’accord du PGE ont vite été réorientées par les banques sur celles d’un prêt normal. Les analyses de PGE sont essentiellement faites sur la base de la CAF, la capacité de remboursement de l’entreprise, comme n’importe quel autre prêt! Et comme la durée de remboursement est faible – 5 ans – contre 7 à 8 ans pour un prêt LBO – il est évident que les plus fragiles ne peuvent pas obtenir le PGE.

Les banques n’ont pas toutes joué le jeu, c’est l’évidence. Elles n’ont pas calculé les prêts sur la base de leur risque de 10% résiduel, la part non garantie par l’Etat. Quand à la BPI, malgré toutes les belles annonces de son site, elle s’est carrément mise aux abonnés absents pendant plusieurs mois, gelant un maximum de projets.

Comment croire que le gouvernement n’est pas au courant? Comment ne pas soupçonner les banques de n’avoir comme unique objectif de ne pas sacrifier leur produits de dettes, quitte à précipiter dans la faillite leurs clients les plus fragiles?

Le Gouvernement était supposé réfléchir à l’évolution du PGE. On parlait conversion en capital ou prêt participe. Que s’est-il passé depuis la rentrée? Strictement rien. Alors qu’il est évident que ceux qui ont eu un PGE parce qu’ils en avaient besoin ne pourront pas le rembourser dans les modalités actuelles.

Concernant les loyers, dont les contrats sont léonins depuis l’origine: rien! Rien du tout n’a été fait. Vide abyssal.

Le chômage partiel

Quel est le principal impact du chômage partiel? C’est le confinement du marché du travail, et la paupérisation accélérée de tous ceux qui étaient dans une position fragile au début du confinement.

Tous ceux qui étaient au chômage au début du confinement, tous les intérimaires et indépendants sont devenues une catégorie subalterne de travailleurs. Comment pourraient-ils retrouver travail ou mission, alors qu’il n’y a plus de concurrence sur le marché du travail?

Le chômage partiel s’est accompagné d’une douce musique selon laquelle les licenciements étaient impossibles. C’est évidemment juridiquement faux, rien ne pouvant forcer le chef d’entreprise à garder des salariés. Mais dans les faits, c’est tout de même ce qu’il se passe. Le résultat est le drame de demain: les entreprises ne se réforment pas pour tenir compte de la crise! Oui, il y a un chômage épouvantable aux USA, mais ils se relèveront beaucoup plus vite!

Pourquoi choisir le chômage partiel plutôt que le chômage tout court? Même s’ils avaient été licenciés, les employés auraient eu une couverture sociale et auraient touchés le chômage. Et au moins, les entreprises auraient ou pourraient, se réformer beaucoup plus rapidement et tous ceux qui étaient déjà au chômage pourraient re-postuler à égalité, alors qu’ils sont en train de s’enfoncer dans un chômage long terme que les employeurs ne manqueront pas de leur reprocher à l’avenir.

Alors pourquoi? Il ne reste malheureusement qu’une seule raison: pour protéger l’administration d’un afflux de chômeurs. Le Gouvernement aurait-il sous-traité le traitement des chômeurs au privé, congelant le marché au passage, avec comme seul horizon sa seule tranquillité? N’est-ce-pas tout de même ce qu’il a fallait également en organisant le PGE via les banques?

Un pays fracturé

Il y a tant d’exemples qu’il faudra des livres et des dizaines d’années pour faire le procès du Coronavirus. Le Covid met à nu toutes les fractures du pays. Tout ce qui ne marche pas ou plus. Nous allons en sortir plus ruinés que jamais. La classe politique est totalement discréditée, d’autant qu’il est difficile de ne pas voir la même impéritie (imprévoyance) à l’oeuvre face à la menace du terrorisme islamiste.

Il n’y avait pas de solution parfaite. Mais il était évidemment possible de faire largement mieux. Selon nous, le fond du problème, sur ce sujet comme sur les autres, est dans la dynamique du Gouvernement et des citoyens. L’Etat léviathan réagit mal, se protège, achète la paix social à court terme. Les citoyens couverts par l’Etat – mais c’est un lueur – par ses dispositifs sociaux, sont devenus totalement irresponsables dans leurs comportements individuels. Avec plus de 50% du PIB passant par l’Etat, la France est un comme un soleil qui s’effondre sur lui-même.

On entend déjà le cœur des irresponsables nous expliquer que c’est la faute de la Chine (ce qui n’est pas complètement faux), que la banque centrale européenne doit payer, que les riches paieront, que c’est la faute d’untel, untel, untel… mais jamais de celui qui parle et dénonce les autres. Il faut leur dire une bonne fois que tout ceci n’arrivera pas, qu’il arrêter les faux-fuyants et la défausser, que c’est à nous tous, à chacun, de contribuer au redressement moral et économique du pays. Parce que c’est notre pays.

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