Les statistiques montrent en permanence que les français sont mauvais en langue, notamment en anglais. La principales réponse du gouvernement a été de commencer une initiation aux langues étrangères dès le primaire. En dernières années, CM1-CM2, les petits élèves sont initiés à l’anglais, l’allemand, parfois l’espagnol. Tout ceci est louable, mais ne saurait évidemment remplacer un véritable enseignement.
L’un des principaux défis de l’enseignement des langues est la place qu’il peut prendre dans l’ensemble de la formation des élèves. Français, puis anglais, puis allemand, ou encore langue culturelle de la famille, puis formation initiale en latin et ou en grec… La tâche est immense. Il est clair, qu’à moins de vouloir faire de tous les élèves des maîtres es-langue, à la manière de Rabelais ou de Leibniz qui connaissaient tous deux le grec, le latin, l’hébreu, le français, et pour Leibniz encore l’allemand et l’anglais…il va falloir faire des choix.
Enseignement de la seconde langue
En supposant que la première langue soit le français, et qu’il soit enseigné selon la méthode présenté dans le post sur l’apprentissage de la lecture, le bon âge pour commencer l’apprentissage d’une seconde langue est le début du CM1, vers 10 ans. L’objection qui consiste à dire que plus l’on est jeune, plus vite on apprend les sonorités d’une autre langue, ne paraît pas si bien inspirée quand on considère les apprentissages dans leur globalité. S’il est sûrement exacte que plus l’on commence tôt plus on apprendra vite une langue, il ne faut pas oublier que nous devons enchaîner des apprentissages et ne pas traiter l’acquisition des langues hors sols, mais dans un ensemble déjà chargé, incluant la langue maternelle, l’arithmétique, le sport, etc. Si l’on veut garder un bon niveau dans la première langue, il ne faut pas tout mélanger.
Commencer vers 10 ans permet de gagner deux ans par rapport au rythme actuel, ou l’apprentissage ne commence vraiment qu’au collège. Ainsi dès la fin de la 5ème, les élèves auront déjà 4 ans d’apprentissage dans la seconde langue, ce qui est suffisant pour la plupart d’entre-elles pour correspondre à une connaissance qui durera toute la vie et permettra de toujours s’y retrouver dans cette langue.
Les bases dans la première langue
Précisons le chemin: les élèves apprennent à lire le français avant le CP. Du CP au CM1, ils apprennent suffisamment de vocabulaire et de règles d’orthographe (et non de grammaire) pour écrire des textes sans faute. L’objectif est d’être capable d’accorder, de conjuguer et de connaître les principaux pièges de la langue (comme l’accord du participe passé). Cet enseignement sera fait via des dictées, à la difficultés progressives, des exercices sur certains points, et des travaux de rédaction. Un apprentissage extensif de la grammaire n’est pas utile, puisque tout dans la grammaire ne sert pas à orthographier correctement.
Méthode pour la seconde langue
Le choix actuel est d’enseigner d’abord des listes de vocabulaire, sur les saisons, les vêtements, le corps humains, etc. C’est intéressant, mais de la parole même des enfants, c’est trop limité et trop répétitif. On leur promet d’apprendre une langue et ils savent déjà qu’une langue ce ne sont pas uniquement des listes de vocabulaire.
La seconde méthode est celle pratiquée par exemple par les groupes d’enseignement anglo-saxons pour l’anglais. Sur la base d’un texte, on apprendre quelques notions, sans ordre. Tout est fait pour que l’enseignement reste non systématique. L’effet est très simple: les élèves apprennent des bribes de règles, quelques notions dans le plus parfait des désordres (on peut se demander quelle énergie diabolique il a fallu investir pour en arriver là…), et seront incapables de parler correctement en respectant syntaxe et grammaire.
La troisième pseudo-méthode est de tout baser sur l’oral, sous prétexte que le but de l’apprentissage des langues n’est pas de lire dans son coin, mais bien de parler aux autres. Là encore, sous une noble intention, se cache un refus de l’apprentissage systématique.
La seule méthode qui puisse marcher pour tout le monde est une méthode systématique, progressive, alliant des règles, des exercices, de l’écoute, de la lecture pour apprendre l’accentuation. Les progrès permettront de dialoguer et d’apprendre à rédiger dans la langue. Il n’y a pas de raccourcis.
Quelle langue choisir?
La cas de la langue culturelle
Dans de nombreuses familles, au moins l’un des parents a des attaches avec une culture différente de celle de la langue dite maternelle. Les racines peuvent être très diverses: perse, espagnole, chinoise, thaïlandaise, catalane, etc. D’autres familles peuvent avoir d’autres raisons, comme l’enseignement religieux (arabe, hébreux, latin il n’y a encore pas si longtemps) ou encore l’amour des langues régionales (breton, corse…).
Ces familles peuvent évidemment faire ce qui leur semble bon. Mais il est certain que l’apprentissage d’une langue spécifique, non mondialement répandue, constitue un choix important. Cela signifie, soit que l’enfant devra soit se limiter et s’épanouir à cette langue régionale, soit apprendre une langue de plus par rapport aux autres enfants. Chacun fera finalement en fonction de ses capacités.
Les langues spécifiques montrent également un point important: l’apprentissage d’une langue est plus efficace et a plus de sens s’il n’est pas fait hors sol. On peut avoir une vraie passion pour la Russie, mais à quoi bon apprendre le russe si l’on n’a pas de famille russe, pas d’amis russes, pas de perspectives professionnelles dans ce pays? La culture russe, aussi belle soit-elle, n’est pas si importante dans la culture française. Il en est de même du chinois ou du japonais par exemple. Même si la Chine devient la première puissance économique mondiale, à quoi bon apprendre le chinois seul dans son coin, alors que la culture est si différente, la langue si difficile? Le seul intérêt peut-être de se démarquer et d’ajouter une compétence spéciale à son CV, mais il faut s’avoir qu’en général, cela fonctionne bien mieux si l’on part dans le pays dont on apprend la langue. Un français qui parle chinois va en Chine pour aider des chinois à communiquer avec des français. Pour toutes les démarches officielles ou les contrats, on fait toujours plus confiance à ceux qui pratiquent la langue maternelle des actes. C’est peut-être regrettable et absurde, mais c’est ainsi.
Ceux qui apprennent une langue familiale ou culturelle seront également soumis à un calendrier particulier. Certains apprennent deux langues dès la naissance, un parent parlant une langue, un autre parent parlant l’autre. Cette distinction est importante, puisqu’elle semble montrer qu’il est tout à fait possible d’avoir une langue maternelle et une langue paternelle. Cependant, notamment pour les garçons, le double apprentissage peut retarder l’apprentissage des langues. La charge d’apprentissage et les capacités nécessaires en doivent pas être sous-estimées. D’autres, notamment ceux qui apprennent pour des raisons religieuses, commenceront la seconde langue plus tard. Dans tous les cas, il faut prendre en compte ces situations pour adapter le modèle proposé ici, qui correspond plutôt à celui d’une famille pratiquant une seule langue à la maison et qui n’a pas, ou peu, de focus religieux ou culturel concernant l’apprentissage des langues.
Apprentissage de la troisième langue
En suivant la méthode proposée, une troisième langue peut commencer à être apprise dès la 4ème. Jusqu’au baccalauréat, cela laisse 5 ans pour progresser dans cette troisième langue. Pas mal, non? Et la troisième langue est commencée alors que les élèves sont assez jeunes pour avoir encore une mémoire suffisamment souple pour apprendre rapidement. De plus, les classes de 4ème et 3ème constituent une espèce ce ventre mou, un moment de latence dans notre système scolaire, avant les premières orientations et les premières projections professionnelles, qui aurait tout à gagner à trouver un peu plus de rythme dans la seconde partie du collège.
Les conditions du succès
Ainsi, il semble possible d’atteindre un niveau correcte dans trois langues pour tous, contre deux aujourd’hui. Faire plus nécessite une spécialisation plus poussée qui dépendra de chacun. Il est clair qu’il ne sert à rien d’apprendre les langues pour le plaisir de les apprendre. Pour que cet apprentissage ait une utilité, il faut qu’il puisse être maintenable tout au long de la vie. C’est l’avantage d’une langue culturelle, ou spécifique, dont la pratique trouvera toujours à s’exercer dans la famille et qui pourra aussi être transmise aux enfants. C’est aussi l’avantage de l’anglais, qui domine la production du divertissement culturel, cinéma et musique depuis des décennies et procurent autant d’occasion de progresser dans la langue. C’est l’inconvénient… de toutes les autres langues! Pour maintenir la troisième langue active, il faut penser avant de s’y lancer aux moyens que l’enfant et plus tard l’homme, aura pour cultiver son talent si chèrement acquis.
Difficultés du système actuel
Les errements du système actuel commencent avec l’apprentissage de la lecture, se poursuivent avec celui de l’orthographe et sont continués dans les classes bilangues à l’entrée en sixième. La situation actuelle est celle d’élèves maîtrisant mal leur langue maternelle et devant, s’ils veulent être dans les bonnes classes, apprendre tout à coup, ou presque, non pas une, mais deux langues étrangères. Le système est fait pour que les élèves échouent. L’apprentissage concomitant de plusieurs langues ne peut qu’entraîner des confusions et des mélanges (comme les faux amis entre le français et l’anglais).
Quelles langues choisir?
English first
En dehors de la question des langues familiales et religieuses, la première langue étrangère à apprendre est évidemment l’anglais. Non seulement il s’agit de la langue la plus parlée au monde, au moins à l’international. Mais c’est aussi une langue qui présente trois avantages importants:
– L’anglais est très proche du français. Ce n’est pas sans raison et sans conséquences que la guerre de 100 ans a duré… environ 120 ans. Le mélange entre la France et l’Angleterre pendant toutes ces périodes de conflits a également eu lieu dans la langue. Alors, contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire partout, l’anglais est sans doute la langue la plus facile à apprendre pour un français. Certaines études estiment que 29% des mots de l’anglais viennent du français, sans même parler du nombre de mots anglais inclus dans le français.
http://idiomas.astalaweb.com/franc%E9s/v3/Mots-Identiques-En-Francais-Et-Anglais.Pdf
-L’anglais est facile. Contrairement au français et à son dédale de règles plus ou moins arbitraires, l’anglais a tout simplifié. L’anglais utilise par exemple des auxiliaires pour le futur et le conditionnel, will et would, qui se conjuguent ensuite avec l’infinitif. L’anglais économise ainsi une grande partie des conjugaisons qui nous donnent tant de mal en français! Et toute la grammaire suit la même logique, de sorte qu’en deux ans, à raison de 30 minutes par jour, on en fait pratiquement le tour complet.
-L’accent anglais, ou plutôt américain, est simple. Certes le pur accent british, celui des ladies prenant le 4 o’clock tea est complexe. Mais qui s’intéresse à cet accent? Il en est d’ailleurs de l’anglais comme du français, l’accent varie d’une région à l’autre. Il n’y a donc pas un accent anglais parfait. Les anglais ayant conquis une large part de la planète, il existe une variété mondiale d’accents, tous valables et acceptés dans le monde des affaires. Le plus simple est d’apprendre l’accent américain, celui des films hollywoodiens.
Quid de la troisième langue?
Comment choisir la troisième langue? Il n’y a sans doute pas de réponse parfaite. Allemand, italien, espagnol, voir même chinois. Le critère généralement utilisé est celui de la diffusion de la langue. Après l’Anglais, le Chinois ( c’est-à-dire le Mandarin, le Cantonnais étant un dialecte), l’Espagnol, l’Arabe classique, le Hindi, gagnent haut la main et forment le podium des 5 langues les plus parlées dans le monde.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_langues_par_nombre_total_de_locuteurs
Cependant, d’autres critères que la diffusion de la langue peuvent être choisis. Nous revenons ici à la question culturelle. Ceux qui ont une langue culturelle ne se poseront pas la question, ils ont déjà cette troisième langue. Pour les autres, il s’agit pour maintenir la langue, qu’elle reste le plus proche possible de la culture ou des centres d’intérêt de la personne. Cela peut-être apprendre le japonais parce qu’on aime les arts martiaux, apprendre l’italien parce que l’on aime l’opéra ou l’Italie, etc.
A ce titre, l’allemand a une place particulière en Europe. L’Allemagne est le pays le plus puissant du continent. Cela ne risque sans doute pas de changer rapidement. L’Allemagne a une véritable culture, littéraire, mais aussi philosophique. Le rapprochement franco-allemand est également une bonne raison. Mais au-delà, la culture européenne classique est composée du triptyque France, Angleterre, Allemagne. Ceci est vrai en littérature comme en philosophie et la préférence peut ainsi aller à l’allemand.
Dernier critère possible, le niveau intellectuel de la personne, ou le temps qu’elle souhaite consacrer à l’enseignement. L’intelligence n’est pas également répartie entre chacun de nous. C’est ainsi, et plutôt que de nous en plaindre, le plus pragmatique est de s’adapter. L’Allemand ou le Japonais peuvent être tout simplement trop difficile pour certains. Qu’à cela ne tienne, il suffit de choisir une langue plus simple! Voir peut-être même aucune si l’appétit pour les langues est très faible et qu’il n’y a aucune motivation culturelle, professionnelle ou personnelle qui nous conduise vers une autre langue..
Quid du Latin et du Grec?
Les langues mortes continuent à bénéficier d’une aura qui surpasse largement leur utilité réelle. Elles sont surtout prises dans un combat social, où les inégalités s’exprimeraient dans l’accès à la culture et spécialement dans l’accès aux langues mortes. Ceci est plus un marronnier social qu’une réalité. Depuis l’invention d’internet, tout le monde a accès à beaucoup plus de culture qu’il n’en peut consommer réellement. Il suffit d’acheter des manuels de grecs et de latin pour trouver tout de suite une excellente méthode. C’est d’autant plus vrai que personne n’a encore eu l’idée farfelue d’introduire les méthodes dites pédagogiques dans ces enseignements. On trouve donc très facilement des méthodes pertinentes sur le marché.
La question est: à quoi servent ces enseignements? Certes pas à communiquer. Ni à développer les talents nécessaires à la grande majorité des emplois de la planète, sauf à devenir traducteur, chercheur, ou professeur dans un domaine concernant ces langues. Leur intérêt est extrêmement limité en ce qui concerne le nombre de personnes possédant ces compétences du point de vue social. Chacun pourra se faire son idée sur la qualité.
L’un des arguments majeurs pour en défendre l’apprentissage est d’expliquer que le latin est la principale racine du français et des langues dites latines, espagnol et italien, et donc qu’il sert à apprendre ces trois langues. C’est historiquement exact. Mais pourquoi ne pas apprendre directement ces langues? Par ailleurs les études ont montré que le latin peut aider à une meilleure appropriation du français quand les élèves sont issues d’une culture différente, ou ont des difficultés en français. Dans ces deux derniers cas, il semblerait vraiment plus logique de travailler plus le français, tout simplement! A l’inverse, quand le niveau de français est bon, l’apprentissage du latin ne permettrait pas d’améliorer significativement le niveau.
Alors pour être honnête, concluons que le latin ne sert quasiment à rien dans l’apprentissage du français. La littérature latine n’est d’ailleurs pas si abondante et si raffinée qu’elle nécessiterait un tel investissement de la part de ses admirateurs. Reste cependant qu’il nous faut continuer à être capable de former suffisamment de latinistes pour continuer à traduire les textes et contribuer à la recherche sur cette langue.
Le cas du grec ancien est un peu différent. Certes, les bases qu’il donne pour apprendre le grec moderne ne constitue sans doute pas un argument suffisant pour passer plusieurs années à l’apprendre. En revanche, contrairement au latin, le grec ancien ouvre le champ d’une véritable et splendide culture, à la racine de notre culture européenne. Le primat du latin est donc totalement abusif comparé à la culture à laquelle le grec donne accès. Homère, Hésiode, Platon et Aristote ont bien écrit en grec. Le grec, comme le latin il est vrai, est aussi à la base de la plus grande part du vocabulaire scientifique. S’il fallait s’initier à une seule langue morte, ce serait donc le grec, sans aucune hésitation.
L’on ne peut encore une fois que se désoler de l’organisation actuelle de l’enseignement, qui fait la part, certes petite, mais tout de même plus belle, au latin qu’au grec.
Alors, qu’apprendre et quand l’apprendre?
Si l’on souhaite être efficace, il suffit d’apprendre directement les bases latines, les principales étymologies du vocabulaire français et scientifique. Pour le grec, il faut au moins commencer par apprendre l’alphabet, ce qui est généralement plus long qu’on ne l’imagine, certaines lettres étant un peu contre-intuitive, comme le n qui ressemble à un V, le T qui ressemble à un O, etc. Une fois l’alphabet appris, on peut simplement apprendre les principales racines, et on le souhaite, on pourra aller plus loin.
Où placer cet apprentissage dans le calendrier prévu précédemment? Le calendrier est déjà bien fourni. Il ne reste qu’une possibilité, les classes de seconde et de première. La quatrième et la troisième sont consacrées aux fondamentaux de la troisième langue et au renforcement de la seconde. Pour ne pas surcharger l’apprentissage, on préférera donc décaler. En deux ans, à raison de deux heures par semaine, et quelques révisions additionnelles, l’apprentissage devrait être largement suffisant.
La question de l’Espéranto
L’espéranto est à la foi une magnifique idée, et un échec quasi complet. Cette langue, qui agglomère les autres langues, a été créée en 1887 par le polonais Zamenhof.
L’espéranto fonctionne et rempli parfaitement son office. Tout le monde en Europe et dans une large partie du monde vous comprendra si vous parlez Espéranto, et vous pourrez comprendre en partie au moins, les autres. Mais la langue est insuffisamment parlée et utilisée pour avoir un réel intérêt. Elle n’est pas reconnue, n’a pas de culture, de pays, de population permettant de la représenter.
L’espéranto présente donc un réel intérêt intellectuel et pratique. Cependant cette langue n’est parlée que par 10 millions de personnes au maximum (source https://fr.wikipedia.org/wiki/Esp%C3%A9ranto ). Tant qu’elle n’aura pas percée de manière plus flagrante, tant qu’elle ne sera pas reconnue professionnellement, l’apprendre restera uniquement un passe-temps intéressant.
Pour en savoir plus la fondation française de l’Espéranto fournit toutes les informations :
https://esperanto-france.org/livre-manuel
Pourquoi ne pas apprendre plus?
On entend souvent les nostalgiques nous expliquer que « c’était mieux avant », notamment quand toute la population, soutient-on, maîtrisait parfaitement le français et avait de solides bases en latin et grec. C’était le bon temps! La réalité est évidemment toute différente. En ce temps béni, les français étaient nulles en anglais. Ils n’étaient sans doute pas si forts en latin et grecs, puisqu’ils n’y a jamais eu de
débouchés significatifs. En ce temps-là, il n’y avait pas les traitements de texte qui corrigent une partie des fautes, les systèmes de reconnaissance vocale, les dictionnaires sur internet, ni même internet.
Surtout, il n’y avait pas l’informatique, qui demande énormément de compétences nouvelles: taper, paramétrer, échanger, voir programmer. Oui, en ce temps là, il y avait moins de choses à apprendre. Plus l’humanité vieillit, plus les savoirs s’accumulent, plus l’économie se développe, plus les outils changent et plus les compétences de bases augmentent. Mais notre capacité à apprendre, certes immense, n’en est pas moins limitée. Nous n’avons pas encore les moyens de stocker toutes les connaissances dans notre esprit, et même si nous le faisions, il faudrait encore apprendre à les utiliser et à les maîtriser.
Connaître trois langues assez bien pour pouvoir lire, écrire, parler en chacune d’elle, est déjà un exploit rarement atteint. Il suffit de regarder autour de soi pour s’en convaincre. Posséder en plus de rudiments utiles de latin et de grec donne une touche finale à un ensemble largement suffisant. Tout au plus peut-on conseiller d’apprendre une nouvelle langue vivante plus simple, comme l’Esperanto ou comme l’italien, une fois atteint un certain âge et pour continuer à trouver du goût à la vie, préparer des voyages, s’initier à une nouvelle cuisine, ou un nouveau farniente.