En à peine deux mois, le gouvernement Trump a quasiment détruit plus de 100 ans de rapprochement des Etats-Unis et de l’Europe. Trump s’est fâché avec tous ses alliés, Canada, Mexique, Europe, et bien sûr Ukraine. Le résultat n’est pas l’art du deal, ce n’est pas la grandeur d’un isolationnisme désormais rendu impossible par la mondialisation. C’est un terrible isolement, un hiver qui pourrait durer au minimum 4 ans pour l’Amérique et l’Occident. Il ne reste plus qu’Israël comme seul allié de l’Amérique, et cela aussi a du sens.
La vraie théorie du complot
Il faudrait être bien naïf pour ne pas y voir un événement préparé depuis des années. On souligne souvent l’ironie de l’histoire. Cette ironie est désormais insupportable. Tous ceux qui dénonçaient la confiscation du pouvoir, la manipulation du peuple et le recul de la démocratie sont en train de se révéler eux-mêmes comme les grands manipulateurs, les artisans du recul de la démocratie, et pire sont sûrement eux-mêmes manipulés. A force de renverser les valeurs et de transformer la vérité en mensonge et le mensonge en vérité, ils ont réussi. Vous aimez les théories du complot ? Vous allez être servi. La vérité est encore pire.
L’héritage idéologique du communisme soviétique
On imagine mal, tant que l’on n’y a pas été confronté soi-même, à quel point la théorie marxiste du matérialisme historique a forgé en profondeur les consciences de nos intellectuels, depuis sa création au milieu du XIXème siècle. Ce sont des dizaines de millions, peut-être des milliards d’heures passées à lire Hegel, Marx, Lénine, Engels et quelques autres.
Quel est le but de toutes ces réflexions ? Comprendre la dynamique de la transformation politique. La question, le traumatisme, est toujours le même: comment la Révolution française a-t-elle pu avoir lieu ? Quelles sont les forces réellement capables de transformer un pays, une nation, et pourquoi pas un empire ? Comme la monarchie la plus puissante a-t-elle pu se transformer en République?
La question est intellectuellement et historiquement passionnante. Malheureusement comme disent les américains « it ain’t Canada », ce n’est pas le Canada. Nous ne vivons pas dans un monde de bisounours. Comprendre la mécanique des transformations sociales est du pain béni, que disons-nous, c’est même le Graal de la manipulation pour tout pouvoir aussi narcissique que tyrannique guidé par la seule volonté d’être toujours plus puissant.
Qui sont les plus forts à ce jeu ? Les russes, bien évidemment. La Révolution russe a eu lieu il y a plus d’un siècle. L’approfondissement doctrinal n’a jamais cessé. On se plaint de nos intellectuels gauchissistes. Ils sont des gentils amateurs comparés au coeur du réacteur de la très sainte Russie.
La dialectique de la liberté et de l’égalité
Pour aller à l’essentiel, Hegel dans La Raison dans l’histoire a développé l’idée grandiose que la Liberté se réalisait dans la réalité de l’histoire. Marx a transformé cette vision grandiose en une autre thèse. Ce n’est plus la liberté, mais l’égalité qui se réalise. Et ce n’est pas par le développement de l’idée, immanente à la réalité, mais par le conflit bien réel des capitalistes et des ouviriers, par la lutte des classes, le combat entre les riches et les pauvres.
Depuis, le couple, infernal ou angélique, de la liberté et de l’égalité, de l’égaliberté ou de la libertégalité, est désigné comme le moteur de toutes les démocraties et de toutes les transformations politiques. Nous l’avons déjà détaillé dans nos articles sur le wokisme ( par exemple ici: https://foodforthoughts.blog/2021/10/12/du-peace-and-love-au-woke-la-mecanique-des-revolutions-sociales/), le pendule oscillant de la liberté à l’égalité est factuellement le balancier autour duquel nos démocraties se développent, et c’est la grandeur de nos démocraties d’arriver à contenir les différentes étapes de la fission et de la fusion de ces deux concepts.

Aux mains du dirigeant éclairé, du système équilibré, ce balancier entre les deux premiers termes de notre devise nationale, est la base de l’enrichissement de notre vie commune et de notre vie politique. Malheureusement, aux mains de salauds pétris d’idéologie, c’est une arme puissante à leur disposition pour démolir la démocratie. C’est en fait, l’arme la plus puissante.
La Russie a une longue et terrible tradition de manipulation idéologique. Le KGB, le FSB, le GRU (qui sert de modèle au Spectre que combat James Bond), et Wagner, leur dernier rejeton, ont construit une compétence infernale dans la manipulation mentale. Etonnamment nos anciens, ceux qui ont vécu depuis le début du XXème siècle, à l’époque de la Révolution russe, puis de la montée du Fascisme et de l’URSS, paraissaient beaucoup plus lucides. Des penseurs comme Orwell ou Popper seraient-ils encore possible aujourd’hui? Peut-être, mais qui les écouterait encore?
Manuel de destruction de la démocratie
Il « suffit » de casser cette dialectique de liberté et de l’égalité pour démolir les fondements de nos démocraties. Il « suffit » pour cela d’arrêter d’enrichir l’égalité par la liberté et la liberté par l’égalité.
Exciter l’égalité
Comment faire? La première méthode est la plus ancienne de notre modernité, est celle du communisme assumé. Il suffit de défendre uniquement l’égalité, quitte à supprimer toute liberté. C’était la bonne vieille méthode des partis communistes européens. Tous pareils, tous égaux, à bas les bourgeois, les riches, les capitalistes, les juifs aussi bien sûr, parce qu’il faut toujours comme nous l’expliquerons plus tard, un bouc émissaire. Partout les communistes ont utilisé la générosité de la jeunesse contre le pouvoir établi égoïstes des « parents » et des « puissants ». Partout ils ont manipulé les intellectuels, les structures universitaires, scolaires, et médiatiques pour faire pencher la balance, ou osciller le pendule, vers la gauche. Pour un Aron, combien de Sartre? Pour un Rawls, combien de Chomsky? L’affaire était claire et entendue, les communistes financent partout la gauche. La liberté est une vertu de droite. Elle est discréditée comme étant le voile de l’oppression capitaliste. Elle est la grande manipulation, le grand mensonge.

Hélas, tout cela n’a pas suffit à renverser l’Occident. La guerre restait froide en Europe, les conflits étaient périphériques. Même mai 68 a fini par être absorbé par les démocraties, parce que ce mouvement correspondait fondamentalement aux déploiements de nos valeurs. Il en est de même du patriarchat, qui quoi qu’on en dise, était déjà condamné par les Droits de l’homme issue des Lumières. Partout la réponse à été la sociale démocratie, l’alliance de l’égalité et de la liberté, fusionnée dans les républiques démocratiques. Comment se relever de cet échec? Voilà la question que se pose notre révolutionnaire égalitaire.
Exciter la liberté
Les Etats-Unis sont la cible de choix d’un autre type de manipulation de la foule, celui qui consiste à exalter outre mesure les fous de la liberté absolue et de la destruction de toute autorité au nom des libertés individuelles. Quand l’Europe est fragile sur sa gauche aux théories anarchiques, l’Amérique est fragile sur sa droite et sur son flanc libertaire. Il suffisait, et c’est le coup de génie du diable, d’exiter la liberté contre elle-même, de la séparer (diabolos veut dire séparer en grec) de l’égalité et de l’opposer à l’égalité. En face du wokisme, qui a récupéré toutes les structures de la propagande et de l’influence communiste, il suffit d’exciter leurs ennemis! Ce n’est pas la peine de prendre le pouvoir. Les Etats Unis ne deviendront jamais communistes. Il faut donc bien mieux, et ce sera bien plus facile, tout simplement les détruite de l’intérieur.
La méthode est la même: financer l’ultra-droite, créer des médias complotistes de droites, développer un discours détestation radicale de l’égalité et va partout expliquer que le gouvernement, sous couvert de défendre la liberté, ne fait qu’instaurer la tyrannie de l’égalité. Toute ressemblance avec une rhétorique de droite actuelle n’est évidemment pas une coïncidence.
La dialectique du diable que nous dénonçons, est celle qui oppose la liberté à l’égalité et crée entre-elles un gouffre irréconciliable. C’est sans doute la pire racine possible de toute guerre civile. C’est exactement ce qu’il se passe. Ce n’est pas un hasard, mais une construction de nos opposants. Or si l’égalité à tout prix s’achève dans la confiscation du pouvoir par l’administration, ou la nomenklatura, la liberté à tout prix finit presque de la même manière d’abord par une ploutocratie ou une oligarchie, ou les plus forts confisquent le pouvoir et finalement par une tyrannie.
Attaquer la nation et les organisations supra-nationales
Nos valeurs d’égalité et de liberté sont le coeur de notre politique. Mais l’organisation internationale repose sur d’autres principes. La première base de la construction des relations internationales est pour nous la nation. Les nations vivraient entre-elles, à la manière des individus non encore constitués en société, dans l’état de nature. Les pays seraient soumis à la guerre comme à la paix, à l’insociable sociabilité. La nation serait étanche, fixée par des frontières, contenant un peuple capable de s’auto-déterminer, de se donner ses propres lois et d’être libre.
Mais cette vision est au mieux une caricature, au pire un mensonge. Nous savons très bien ce qu’a produit ce système des nations, de la triplice à la triple-alliance. Les nations ne s’entendent pas de manière spontannée. La rivalité mimétique prend le dessus et la guerre pointe systématiquement à l’horizon. Kant, dans son immense sagesse, avait tout de suite alerté sur la nécessité d’une alliance pour la paix de toutes les nations, son projet ayant contribué, après la Première Guerre Mondiale, à la création de la SDN, la Société des Nations. Limiter la pensée politique à la souveraineté et à la nation est une erreur.

L’impasse du nationalisme pur
Dans le projet kantien, il n’y a plus au monde que des nations libres et indépendantes. Les empires n’existent pas. C’est là sa première erreur autant que sa grandeur. Sa seconde erreur est de ne pas avoir envisagé la puissance de la mondialisation économique. Il luttait à l’époque contre la colonisation, l’une des dernière page du Traité étant une critique virulente de la violance coloniale. Comment aurait-il pu imaginer la puissance du développement économique et des liens qui allaient se nouer entre les pays? Cela lui était d’autant plus difficile qu’il n’a jamais travaillé sur l’économie.
Le système des nations n’a jamais été un système universel et ne le sera sans doute jamais. Il y a, et il y aura malheureusement toujours, des entités impérialistes. Le système pré-national, celui des monarchies et des empires avait construit un jeu d’alliances familiales qui permettait de maintenir la communication entre les royaumes et mettre un frein aux luttes du Saint Empire Romain Germanique, à l’expansionnisme de Charles Quint, ou encore à l’expansion de l’empire Ottoman et de l’empire Austro-hongrois.
La dynamique actuelle est différente. Elle est mélange entre impérialisme et structures dites post- nationales et nations indépendantes. Nous sommes enchassés dans un réseau extrêmement développé de superstructures internationales, de l’Onu, aux multinationales comme Appel, en allant de l’Otan et de la Fifa… à l’Empire Russe. L’idée que les nations seraient indépendantes et ne développeraient que des relations de nations à nations sur un pied d’égalité est un piège. Elle ne correspont plus à la réalité. Elle est inopérante dans un monde devenu si petit et mondialisé.

Le piège du nationalisme
Miser sur le nationalisme est un levier très intéressant, et principalement pour tous ceux qui ne sont pas eux-mêmes nationalistes, mais justement impérialistes. Exciter le levier nation et la souveraineté, c’est à la fois là aussi jouer sur l’une des principales valeurs sur lesquelles ce sont construites nos nations depuis la Révolution française, et pousser la cible dans un piège, dans un cul de sac géostratégique qui ne peut que favoriser les plus grandes puissances, géographique, militaire et démographique.
Les ennemis de la démocratie ne se définissent pas par rapport à la République, ou par rapport à leur nation, mais par leur peuple, leur idéologie et leur culte de la personalité. Le « peuple slave », « le gardien de la Révolution », « Kim ». Concentrés sur leurs agressions extérieures, ils doivent structurellement nier la ou les nations qu’ils agressent. Israël n’existe pas… ou ne devrait pas exister, pas plus que l’Ukraine. « L’empire russe ne connait pas de frontière ». On reconnaît bien là tous les codes du fascismes comme du communisme, qui sont tous les deux impérialistes et post-nationaux. La France et l’Angleterre avaient également un empire, et il ne faudrait pas trop vite l’occulter. Mais ces empires, à l’exception de l’Algérie, avec le désastreux et nécessaire résultat finale que l’on connait, n’étaient en aucun cas des intégrations à l’unité nationale de base. Les empires coloniaux ne fonctionnaient pas par extension continue de leur territoire d’origine et n’ont que rarement contribué à une extension territoriale.
Miser sur la grégarité de l’homme – du nationalisme au fascisme
Qu’on finalement en commun les CRIC, Chine, Russie, Iran, et Corée du Nord? Ce sont tous des régimes fascistos-communistes, des tyrannies appuyées sur l’idéologie de leur propre grandeur. Le slave, le chinois, le fou de dieu, croient tous détenir la vérité de l’histoire et fondent sur leurs systèmes, opposés aux systèmes occidentaux, leur suprématie politique. Tous sont des tyrannies. Leur population n’est pas grand chose par rapport à la grandeur de leur projet, ou la puissance de leur autocrate et les autres sont encore moins. L’égalité et la liberté ne les intéressent absolument pas. L’existence même de pays libres est un affront à la folie tyrannique de leur dirigeants. Ce sont des empires, nous ne sommes que des nations. Nous devons nous unir. Ils nous séparent en utilisant le nationalisme. Nous n’avons pas construit l’Union Européenne pour rien, mais bien pour se protéger contre la guerre entre les pays membres, au premier titre desquels la France et l’Allemagne.
S’il y a bien eu un traumatisme dans la conscience de gauche, c’est l’arrivée d’Hitler au pouvoir. On nous explique la plupart du temps que c’est l’Angleterre, le pays le plus industrialisé et le plus avancé qui aurait dû, selon la dialectique matérialiste, devenir communiste. Le drame, l’expérience montrant l’inanité de la théorie, serait l’avènement du communisme en Russie, le pays le plus en retard économiquement de l’époque. Le pays, non pas à la pointe de l’industrie et du monde ouvrier, mais au contraire toujours plongé dans la paysannerie d’ancien régime. La Révolution Russe aurait pu être démocratique si elle avait eu lieu, comme la Révolution française, avant l’invention du communisme. Mais le vrai drame des marxistes, ce n’est pas Londres, c’est Berlin. C’est l’accession au pouvoir des fascistes en Allemagne pendant l’entre-deux guerres. Là aussi, toutes les conditions étaient théoriquement réunies. Le pays était en ruine après la crise créée par le Krach de Wall Street 1929. Et pourtant, la classe moyenne et les fonctionnaires ont voté pour Hitler. Même une partie des ouvriers n’a pas suivi les communistes. Et depuis, dès que l’on s’oppose à l’extrême gauche, on est un fascite!
Le communisme sait ce qu’il a perdu en face des fascistes. Il lui est insupportable que certaines démocraties non communiste ne soient finalement pas fascistes. Pour prouver que le seul régime valable est le communisme, pourquoi ne pas faire sombrer les démocraties dans la dictature? Vichy est pour l’extrême gauche une preuve autant qu’une vengeance.
La propagande de la post vérité
Les dialecticiens sont des professionnels du renversement et de la destruction des valeurs. Nietzsche devrait être honni au même titre qu’Hitler et plus encore. La Russie de Poutine a financé l’extrême gauche et l’extrême droite pour déchirer le tissu démocratique et rendre les opposés irréconciliables. Pour que la dialectique fonctionne positivement, il faut que le balancier revienne au centre, comme dans tout mouvement physique. Mais si on l’excite en permanence, les extrêmes s’éloignent toujours plus du centre. Le mouvement naturel est perturbé et le balancier ne retrouve jamais son équilibre. Les citoyens s’opposent au lieu de se compléter et nous sombrons dans une sorte de guerre civile froide où de fait, tout le monde le manipulé et l’idiot utile de nos ennemis.
Une fois les extrêmes financés, l’entrisme universitaire bien en place, que reste-t-il à faire pour démolir la grandeur de la démocratie? On n’ira plus par quatre chemin, de toute manière le peuple devient tous les jours plus bête et extrême, travaillé par des décennies de propagande et d’entrisme universitaire et scolaire. On appliquera désormais partout le mensonge, la contre-vérité, la polémique, la désinformaiton. On attaquera ce grand allié de la liberté qu’est la Lumière de la vérité. On fera comme Nietzsche, ni plus ni moins, on remplacera partout Apollon par Dyonisos, la vérité par le chaos. Quel meilleur moyen en effet pour opposer ceux qui se croyaient encore les citoyens d’un même pays et relier par des pensées identiques et partagées?
Quoi de plus difficile que de réfuter l’erreur? Malheur des philosophes, la foule a toujours préféré le pouvoir à la vérité. Second malheur du philosophe, il suffit d’un sophisme pour répandre le faux, là où il faut un traité entier pour le réfuter. La théorie du complot est le maître mot de la propagande du Kremlin. Il est plus simple d’exiter la paranoïa que de développer la lente pensée. « On vous ment, on vous vole votre liberté ou votre droit à l’égalité. La démocratie vous promet la justice, mais en fait elle vous ment! Votre société est fondamentalement corrompue et injuste et vous cache la réalité de ses manoeuvres en vous endormant avec un discours de liberté ». Comme le remarquait déjà Hobbes au début du Léviathan, l’honneur est la principale source de tout conflit. Il n’y a pas d’huile plus incandescente pour enflammer l’honneur que d’enflammer le sentiment de justice. Attaquer la vérité au nom de la liberté d’expression, c’est aussi attaquer le groupe au nom de l’individualité et de la sensibilité. Une doctrine à laquelle les pays anglo-saxons sont aussi beaucoup plus poreux que les démocraties continentales, plus attachées à la logique.
La méthode de l’inversion
Le procédé le plus simple et utilisé universellement pour renverser la vérité, c’est l’inversion. La menace c’est l’autre, l’humilié c’est moi, la guerre c’est l’autre, la paix c’est moi… En fait ils nous reprochent exactement ce qu’ils sont et ce qu’ils font, mais en nous l’attribuant. Etrange projection du malin. Autre figure de sa dialectique. En nous critiquant, ils se décrivent. Comme les enfants, incapables de penser leur propre moi et de comprendre leur propres actes, ils pratiquent la méthode du miroir, c’est pas moi, c’est l’autre.
Comment les battre ? Par les armes de la démocratie!
Si la dialectique des notions fondamentale de toute vie politique peut être retournée contre la démocratie, elle peut de même être organisée pour alimenter positivement la vie de la Cité. La Cité ou la nation, la liberté, l’égalité et la fraternité, la vérité, la nation et l’accord entre les nations, et au fondement de toutes ces valeurs, la justice elle-même, sont les concepts fondamentaux de la pensée politique depuis Aristote. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil à ce sujet. Aristote soulignait déjà que l’égalité ne doit pas céder la place à l’équité. Toqueville alertait déjà sur la passion de l’égalité et de l’égalitarisme. La liberté d’expression a dans ce combat idéologique un rôle clé. Habermas, le grand penseur moderne de la philosophie politique a rappelé les règles d’un discours rationnel. Le combat du fack checking. Nous avons nous aussi les moyens doctrinaux et l’expérience pour lutter contre l’influence de nos ennemis. Il nous faut juste reprendre la plume et refonder la démocratie. Il ne faut pas se voiler l’enjeu. C’est bien une guerre de civilisation. Les principes de la démocratie et de la tyrannie sont incompatibles. Il ne peut en rester qu’un.

Apollon vainqueur du serpent Python – Delacroix 1853
Annexe
Résumé ordonné
On m’a reproché le manque de clarté de l’article. Même si cette critique venait d’un énième troll russe, je profite de l’occasion pour résumé mon propos.
Les principes de la démocraties occidentales
Les démocraties occidentales reposent sur un certain nombre de valeurs et de principes qui sont d’autant plus puissants qu’ils fonctionnent ensemble. Les principaux sont:
-La liberté (liberté d’expression, d’aller et venir, d’entreprendre, et droits intangibles inattacapables par l’Etat pour éviter la tyrannies, et autres..)
-L’égalité, notamment devant la loi, et par la recherche d’une plus grande égalité des chances et opportunités et par des systèmes de compensation économique
-La vérité, le respect de la science et de la réalité. Par exemple, il n’y a que deux sexes biologiques, quand bien il y aurait plusieurs comportements et pratiques sexuelles. La Russie a envahi l’Ukraine en février 2022. Poutine est un dictateur qui assassine ses opposants. Zelensky a été élu…. pour la réalité. Et 2+2=4, le vaccin contre le Covid est efficace, pour la vérité. Notre système technico-scientifique repose sur la vérité de la physique.
-Une économie de marché, reposant notamment sur la possession du capital, la création monétaire raisonnée et l’interdiction des monopoles.
-Un ordre international batit sur la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes, l’idée de nation, et la mise en place d’organisation supra-nationale pour régler les relations entre nations.
Il est évident qu’il existe des positionnements différents sur ces valeurs entre les démocraties. La force dialectique de l’Occident est justement de savoir profiter de ces tensions pour améliorer constamment son système.
Le but de la Russie est de démolir la dialectique de la liberté et de l’égalité.
Pour ce faire, la Russie, appuyé sur un corpus intellectuel marxiste quasi centenaire a pour but de retrancher chaque valeur sur elle-même, d’empêcher le dialogue fécond de ces dimensions.
-Lutter pour l’égalité était sa compétence de base. L’auréole de prestige intellectuel du communisme a envahi toutes les universités occidentales. Les thèses irriguent les partis communistes, la presse manipulées, les thèses de l’égalité réelle, etc. La liberté est insupportable à l’égalité réelle. Le capitalisme, cette liberté d’entreprendre, est honnis.
-Pour lutter contre la liberté, un concept qui n’existe pas dans les régimes tyranniques, la Russie poutinienne s’est mise à défendre les thèses individualistes et libertaires, notamment par les théories du complot. Cette technique est très puissante aux Etats-Unis, pays aux tendances libertariennes affirmées. Ainsi la Russie est devenue l’amie des deux extrêmes, sans que cela ne semble géner personne. Le libertarien est un individualiste farouche qui refuse autant la nation que l’égalité. Le capitalisme est porté aux nues.
-Pour lutter contre le bloc occidental et la paix des Nations, il est vrai bien démolie par la seconde guerre d’Irak déclenchée par les Etats-Unis, il suffit d’exciter partout le sentiment nationaliste. Et pendant ce temps la Russie déclare qu’elle est un Empire, que « la Russie n’a pas de frontière », que tous les peuples slaves sont frères, qu’elle est le pays phare du catholicisme orthodoxe, et attaque partout les intérêts de la France. Le nationalisme fait pendant à l’Internationale ouvrière, qui avait l’avantage des fracturer les pays en ne reliant qu’une seule de leur classe sociale, celle des ouvriers, opposés aux bourgeois et capitalistes.
-Cerise sur le gâteau, le renversement de la vérité partout, en transformant l’agresseur en agressé, le belliciste en colombe, déployant partout la post-vérité.
–En synthèse: ce qu’il y a finalement de commun à toutes ces méthodes, c’est de replier partout l’individu sur lui-même en le sortant le plus possible de la communauté de destin que constitue encore la nation. La tyrannie explique partout que le seul modèle possible est celui de la meute, de l’organisation derrière un seul chef, le leader maximo, le petit père des peuples, le führer, le grand timonier, etc. Ce qu’elle déteste par-dessus tout, c’est l’individualisme des Lumières. C’est bien la différence entre démocratie populaire, et démocratie libérale.
Pour faire éclater la démocratie libérale, il faut partout en séparer les membres les uns des autres. Les réseaux sociaux ont donné une nouvelle caisse de résonnance à ces manoeuvres. Il n’est pas tout à fait exacte de dire que les réseaux nous espacent et que chacun vie à cause d’eux dans son couloir d’information. Il y avait déjà avant les réseaux des journeaux de droite et de gauche. En revanche, ce qui explose, c’est la différenciation, l’extension infinie d’offres de plus en plus incompatibles les unes avec les autres. C’est la technique que tous les anti-universalistes utilisent contre l’Universalisme: il ne tient pas compte des différences.
Du point de vue logique, cette argument est complètement faux. Quand les anti-universalistes critiques l’universalisme au nom de la différence, ils oublient qu’il faut justement un pré-supposé universaliste pour donner droit de Cité à égalité et dans la liberté, à toutes les différences compatibles entre-elles. Essayez d’être différent en Iran, et c’est la mort qui vous attend. Justement parce que l’Iran est organisée autour de la loi spéciale du Coran (et de son interprétation), qui se substitue à l’universel et rejette tout ce qui n’est pas elle.
-Dans l’utilisation des médias, comme partout, on poussera pour l’utilisation radicale de la liberté: On peut tout dire, absolument tout. Cette liberté absolue cache mal l’idéologie qui est derrière. Si l’on peut tout dire, les réseaux sociaux ayant une véritable audience nationale appartiennent à une poignée de milliardaires. Alors que chacun peut y vivre sa vie de son côté, les messages qu’eux décident de communiquer universellement le seront. La liberté de la presse aux mains de quelques uns est un outil du populisme: on va jouer la masse contre l’équilibre du pouvoir et contre la justice elle-même et ses procédures. En appeler au peuple sans prendre en compte les libertés individuelles, c’est virer populiste au sens propre. Or, encore une fois, la démocratie populaire n’est pas la démocratie libérale.
On nous objectera, avec justesse, que nous dénonçons à la fois une trop grande défense des libertés individuelle et un populisme controlé par les médias. C’est apparemment contradictoire. Soit on exacèrbe la liberté individuelle, soit on renforce le populisme, mais il paraît impossible de faire les deux en même temps. Et pourtant… l’expérience du populisme montre exactement le contraire. C’est que le libertarianisme n’est pas plus possible que l’anarchie. Ce qui en ressort est toujours la formation politique la plus grégaire, à savoir la dictature d’un seul.
Les organes chargés de cette propagande ne sont même plus cachés. De l’ancien KGB, d’où vient Poutine, au FSB, en passant par le GRU et Wagner, les docritines d’influences sont désormais archis connues. On pourra rajouter la lutte contre l’humanisme au nom de l’écologie et contre le nucléaire au nom de la paix… pendant qu’eux construisent des armes nucléaires et aident l’Iran à s’en doter…
Dès le départ, la doctrine communiste est une doctrine de la guerre et de l’affrontement, des classes, puis des nations, puis des empires. C’est elle qui a dressé la carte du tyran de la manipulation des masses, dont aujourd’hui aussi bien les nationalistes, les complotistes, que l’extrême gauche et les écologistes sont tous les idiots utiles.
La réponse est la synthèse – revenir à nos sources
Pour lutter contre cette dialectique du diable, il faut reprendre la synthèse entre liberté et égalité. Etienne Balibar, à son corps défendant de grand communiste, est sans doute l’un de ceux l’ayant le mieux expliqué. Son argumentation sur le couple égal-liberté ou libertégaloté a été reprise par l’un de ses élèves, dont il refuse, on imagine bien pourquoi, de se rappeler (si l’on me demande d’où je tire ces arguments, c’est tout simplement d’avoir suivi moi-même cours d’E. Balibar à Paris X).
Chat GPT: le concept de Post Vérité
Le concept de post-vérité (post-truth) est apparu dans les années 1990, mais il s’est popularisé au début des années 2010, notamment en lien avec des événements politiques comme le Brexit et l’élection de Donald Trump en 2016. Voici ses origines et son évolution :
📜 1. Origine du concept
- Le terme post-truth aurait été utilisé pour la première fois par l’écrivain serbo-américain Steve Tesich en 1992 dans The Nation. Il dénonçait la manière dont le public américain acceptait les mensonges du gouvernement, notamment après le scandale Iran-Contra et la guerre du Golfe.
- L’idée sous-jacente est que les faits objectifs deviennent secondaires par rapport aux émotions et aux croyances personnelles.
🧠 2. Définition et principes
Le concept de post-vérité repose sur l’idée que la vérité factuelle est remplacée par des récits émotionnels ou idéologiques. Cela implique :
- La relativisation des faits : Les faits ne sont plus perçus comme des références objectives, mais comme des éléments interprétables.
- L’émotion prime sur la raison : Les arguments fondés sur l’émotion et l’identité sont plus convaincants que les démonstrations rationnelles.
- La montée des croyances subjectives : Les opinions individuelles prennent le dessus sur les preuves scientifiques et journalistiques.
- Le rôle des réseaux sociaux et des algorithmes : L’information est façonnée par la viralité plutôt que par la rigueur journalistique.
L’Oxford Dictionary a d’ailleurs désigné post-truth comme mot de l’année en 2016, en raison de son usage croissant.
📡 3. Les influences philosophiques
Le concept de post-vérité trouve des antécédents philosophiques, notamment dans :
- Le relativisme postmoderne (Foucault, Lyotard, Derrida) qui remet en cause l’existence d’une vérité universelle et objective.
- La propagande politique (Arendt, Orwell), où la manipulation de l’information sert le pouvoir.
- Le constructivisme médiatique (McLuhan, Baudrillard), qui souligne que la perception de la réalité est médiatisée par les technologies et les récits dominants.
Cependant, la post-vérité n’est pas du postmodernisme : elle ne questionne pas la vérité d’un point de vue philosophique, mais instrumentalise les faits pour manipuler l’opinion.
🎭 4. Exemples et applications
La post-vérité s’est manifestée dans plusieurs contextes récents :
- Politique : La campagne pro-Brexit et l’élection de Trump ont été marquées par des affirmations fausses mais émotionnellement puissantes (ex. : « 350 millions de livres pour le NHS », « le changement climatique est un canular »).
- Conspirationnisme : Des théories comme le « Pizzagate » ou le mouvement anti-vaccin prospèrent grâce à l’affaiblissement des critères de vérité.
- Médias sociaux : Les bulles de filtre et la désinformation amplifient la post-vérité en donnant plus de poids aux croyances personnelles qu’aux faits.
📌 5. Conséquences et critiques
- Affaiblissement de la démocratie : Si tout est perçu comme une opinion, la délibération rationnelle devient impossible.
- Crise du journalisme : Les médias traditionnels perdent leur crédibilité face à la prolifération des fake news.
- Manipulation politique : Les dirigeants populistes exploitent la post-vérité pour discréditer la presse et légitimer leur propre version des faits.
⚖️ Conclusion
La post-vérité marque un déplacement du débat public : les faits ne disparaissent pas, mais ils sont supplantés par des récits affectifs et subjectifs. Elle est à la fois un symptôme des mutations numériques et un outil stratégique utilisé par certains acteurs politiques et médiatiques.
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