Le syllogisme de l’action
Toutes nos actions, mais aussi toutes nos émotions, proviennent d’une pensée et d’un choix. Nous n’en sommes pas toujours très conscients, mais si nous y prêtons attention, il y a toujours un raisonnement derrière nos actions et nos émotions.
Cette réflexion amont s’appelle, depuis qu’elle a été mise en lumière par Aristote et travaillée par les Stoïciens, le syllogisme de l’action. Il suffirait alors pour contrôler nos actions et nos émotions de modifier les principes de ce syllogisme.
Un exemple typique de syllogisme, exemple qui nous embête souvent au plus haut point, est le suivant:
-Je suis triste,
-J’ai bien le droit de me faire plaisir,
-Je mange du chocolat.
Et bien sûr, une fois que j’ai cédé, je me culpabilise :
-Je n’ai pas suivi les règles de mon régime
-Ce n’est pas bien
-Je suis faible

La voie de la raison
Sur la base de ce constat, les stoïciens, jusqu’à Spinoza (Socrate, Platon, Aristote, Cicéron, Descartes ) ont travaillé sur l’idée qu’il était en notre pouvoir de modifier nos représentations pour devenir les maîtres de toutes nos actions et de nos émotions. Il suffisait, pour ces grands philosophes de suivre la voie de la raison.
Sur cette base, par exemple, il nous suffirait d’écouter les discours rationnels sur les maux de la cigarette pour arrêter de fumer. La cigarette est tout simplement la première cause de cancer en France et même dans tous les pays de l’OCDE.
Ces méfaits ne sont même plus à prouver, tant nous savons rationnellement, tant il est prouvé scientifiquement que la cigarette est un poison addictif mauvais pour la santé.
Et pourtant, ce discours a une puissance réelle très faible et ne permet pas à la majorité des fumeurs de s’arrêter. Même en sachant tout cela, le fumeur continue à fumer, la plupart du temps pour rester mince, pour compenser une alimentation déséquilibrée, pour se détendre dans des situations de stress, par addiction et habitude, ou en suivant un modèle familial, etc..
Ovide a résumé cette situation par une phrase célèbre. Il fait dire au personnage de Médée dans ses Métamorphoses d’Ovide (VII, 20-21) : « Je vois le meilleur, je l’approuve, et pourtant je fais le pire » (Video meliora proboque, deteriora sequor). Je vois, rationnellement, ce que je dois faire, mais je suis en acte, incapable d’y arriver. Cette contradiction créé une souffrance intellectuelle et morale importante. Nous nous dévalorison nous-même. Nous ne sommes pas à la hauteur de notre raison. Kant appelle cela « l’humiliation de la raison ». La raison est finalement plus efficace pour nous humilier que pour nous diriger! Si ça ce n’est pas un insupportable paradoxe!
Cette faiblesse de la volonté, c’est-à-dire du désir issue de la raison, opposé au désir issue des passions, s’appelle l’acrasie. La volonté n’est pas suffisante pour nous faire changer toutes nos habitudes. Acrasie vient du grec ἀκρασία (akrasía), qui signifie « absence de maîtrise de soi » ou « manque de contrôle sur ses passions ou désirs ». Le premier « a » est privatif de kratos, pouvoir, puissance.

Pour Kant, il n’y a pas de solution parfaite à ce conflit. Il y aura toujours d’un côté les pulsions des passions auxquelles nous cèderont et de l’autre la puissance absolu de la raison qui nous montrera toujours la vérité. Le conflit débouchera toujours sur une forme d’humiliation de nous-même par notre propre raison. Sommes-nous condamnés à toujours nous en vouloir? Nous ne le croyons pas.
La voie des passions
La voie de la raison est évidemment cruciale. Elle est la lumière montrant le chemin et le but. Il n’est pas du tout question de tomber dans une mysologie -une haine de la raison, qui nous permettrait d’éviter ses humiliations. Il faut au contraire, mettre toutes les changes de notre côté dans la voie du changement et conserver les acquis de la raison.
Si la raison est si faible à nous faire agir de la manière rationnelle, en tout cas pour nous qui ne sommes pas dotés de la fantastique puissance rationnelle et intellectuelle que les grands philosophes de l’histoire, c’est qu’un autre moteur, une autre cause conduit nos actions. C’est là un point essentiel. Quand nous ne sommes pas conduit par la raison, ou que le discours rationnel est entravé dans son expression et ne se réalise pas en action, c’est qu’une autre cause est en jeu. La mécanique des passions et de l’action n’échappe pas aux lois de la physique, bien au contraire. Tous les grands philosophes cités nous ont mis en garde contre la puissance des passions par rapport à la raison. Mais peu nous ont donné la clé des passions elles-mêmes. Plongés dans une forme plus ou moins forte de distinction radicale entre l’âme et le corps, ils n’ont pas souvent vue le lien entre les passions, la raison et notre animalité.
La première clé: la constitution intersubjective de la personnalité.
Dans la Seconde Médiations Métaphysiques, Descartes précise le célébrissime « Je pense donc je suis » du Discours de la méthode et énonce : « « Je pense, je suis une chose qui pense, c’est-à-dire une chose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi et qui sent. ». Cette position, incroyable et révolutionnaire pour l’époque, marque le tournant universaliste et subjectif de la pensée occidentale. Elle confirme la place de la raison dans la définition de l’individualité. Elle sert aussi de fondements au principe de liberté individuel, et de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, de la Révolution Française de 1789.

Cet individualisme a fait l’objet de nombreuses attaques, ou précision. On peut citer Spinoza, déjà, qui trouve la béatitude éternelle dans la contemplation de l’Idée de Dieu, et pas de lui-même, Rousseau qui insiste sus l’importance des autres et de la compassion, Locke, qui définit l’identité comme « L’identité personnelle consiste dans la conscience que nous avons de nos actions passées et présentes. », puis de Kant qui critique l’idée cartésienne du Sujet, comme étant sans porte ni fenêtre, fermée au monde, enfermée dans un solipsisme.
Mais c’est à Fichte qu’il revient d’avoir poser les principes de l’intersubjectivité au fondement de toute individualité, dans Les principes de la doctrine de la science. Toute conscience est conscience de quelque chose. Même pour avoir conscience de moi-même, je dois passer par la conscience de quelque chose d’autre, une réalité, une personne, une idée, etc. Fichte précisera dans Le Fondement du droit naturel selon les principes de la Doctrine de la science (1796-1797) « L’être humain ne devient une personne qu’en tant qu’il est reconnu comme tel par une autre personne. »

Etrangement tout de même, Fichte tout en posant l’autre comme constitutif de notre conscience, est resté dans le cadre stricte de l’idéalisme Allemand. Selon lui, tout découle de l’esprit et rien ne vient vraiment de l’extérieur. Schelling, notamment, le critiquera sur ce point et posera l’altérité comme une entité réellement extérieure et non comme une construction interne à la conscience. (Note: on peut paler pour les penseurs allemands d’un idéalisme subjectif, où tout découle de la raison, par opposition à l’idéalisme objectif de Socrate et Platon, pour lesquels les Idées existent réellement hors de l’Esprit, dans un « monde des Idées » que l’âme peut contempler quand elle n’est pas incarnée).
Nous ne nous construisons nous-mêmes que dans et par le regard de l’autre. Nous sommes modelés par l’histoire de notre inter-subjectivité, en tant que nous sommes des animaux sociaux, et pas uniquement des êtres pensants individuels. Cette première clé est comme nous allons le voir déterminante, parce que nos comportements et nos émotions ne dépendent pas principalement de notre raison, mais bien de la construction de notre interjubjectivité et de notre rapport à l’autre. Les émotions sont toujours des rapports à autrui, toujours sous la forme de la recherche de l’union, selon le pôle positif de l’amour et de la joie , ou de la répulsion, selon le pôle négatif de la peine et de la tristesse.
La loi morale et le rapport à l’autre, la seconde clé
Quand nous nous humilions de ne pas suivre la raison, nous posons un rapport entre nous et les idées. Pourtant, quand nous sommes faibles et n’arrivons pas à suivre la raison, c’est toujours parce que nous avons des difficultés dans nos rapports avec les autres. Le premier indice est la tristesse, mais il n’est pas le seul.
Avant de descendre dans les situations concrêtes et plus psychologiques, revenons sur un second principe philosophique, celui de la loi morale. Nous devons ce principe à Emmanuel Kant, qui en fournit plusieurs formulations. Sans rentrer dans les détails de l’analyse détaillées des formulations, citons celle exprimée dans Les fondements de la métaphysique des moeurs (1784) : « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité, aussi bien en ta personne qu’en la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen. »
Cela implique de respecter la dignité intrinsèque des êtres humains, en les traitant comme des fins en soi et non comme de simples instruments.

Kant nous propose d’appliquer cette loi à notre action. Mais elle peut et selon nous, doit également être utilisée pour juger l’action des autres envers nous-mêmes. Il ne s’agit pas seulement de nous proposer un idéal de conduite, particulièrement difficile à atteindre d’ailleurs, mais aussi de nous donner un critère de la manière dont nous avons été respecté par les autres. Robert Badinter, le célèbre avocat qui a aboli la peine de mort quand il était ministre de François Mittérand, a reformulé l’impératif catégorique en proposant la formule suivante: « Ne laisse pas faire à autrui ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse ». La loi du respect universelle dû à tout homme sert de fondement à l’intervention humanitaire, notamment dans le cadre du droit international. Plus prosaïquement, nous avons aussi là la définition d’un certain courage, de l’humanité dans l’aide aux victimes.
Ce que nous proposons est de s’appuyer justement sur la loi morale, sur la défense de notre liberté d’être, sur la construction de notre conscience intersubjective, pour trouver les chemins de la liberté, non seulement philosophique, mais aussi réelle et pratique. C’est autour de la loi morale que s’articule notre sentiment de justice, et c’est lui principalement qui détermine nos émotions et nos actions. La grande majorité d’entre-nous est effectivement, comme le souligne Kant, de bonne volonté. Si malgré notre bonne volonté et malgré notre vision du comportement rationnel, nous ne faisons pas le bien, et souvent même nous nous faisons du mal ou faisons du mal aux autres, c’est qu’une autre force est en jeu qui nous déplace et nous fait dévier de notre route. Pour mieux la comprendre, nous passons de la vérité proposée par la raison, mais faible, à la loi morale comme principe d’explication et d’organisation des passions.
C’est ce que nous allons explorer dans le second article de cette série, disponible ici: https://foodforthoughts.blog/2025/02/02/comment-changer-toutes-ses-habitudes-et-devenir-meilleur-2-4-en-finir-avec-les-mauvaises-habitudes/
Annexes:
Pour rendre le propos accessible sans alourdir démeusurément le texte, nous n’avons pas développé les sources utilisées. Nous palions à ce manque ici, en nous aidant de Chat GPT et en citant Alain Renaut (quand on pense au temps qu’il fallait pour arriver à des analyses aussi précises avant l’arrivée de l’IA, un esprit de bonne volonté peut tout à fait considérer que l’humanité va connaître de grands progrès moraux et intellectuels grâce à cet outil – s’il ne finit pas dévoyé comme le sont les réseaux sociaux et soumis à la puissance des luttes politiques).
Alain Renaut – Découvrir la philosophie – Le Sujet, p142 et suivantes:

Locke et la Définition de l’identité (Chat GPT)
Chez John Locke, la notion d’identité est centrale dans son ouvrage « Essai sur l’entendement humain » (An Essay Concerning Human Understanding, 1689). Locke développe une conception empiriste et rationaliste de l’identité, particulièrement en ce qui concerne l’identité personnelle. Voici une explication structurée de sa définition :

1. L’identité en général :
Pour Locke, l’identité est liée à la continuité dans le temps et dans l’espace. Il définit l’identité comme ce qui rend une chose identique à elle-même à travers le changement. L’identité est donc une question de persistance :
- Une chose est la même lorsqu’elle conserve sa substance (ou son essence) malgré les transformations superficielles.
- Exemple : Un arbre reste un arbre tant qu’il conserve les propriétés fondamentales de son espèce, même si ses feuilles tombent ou qu’il grandit.
2. L’identité personnelle selon Locke :
L’identité personnelle est une forme spécifique d’identité, propre aux êtres pensants. Elle repose non pas sur la substance (l’âme ou le corps), mais sur la conscience. Locke définit l’identité personnelle ainsi :
« L’identité personnelle consiste dans la conscience que nous avons de nos actions passées et présentes. »
Points clés de cette définition :
- La conscience comme fondement de l’identité :
- Ce qui fait de quelqu’un la même personne à travers le temps, c’est la continuité de sa conscience, et non celle de son corps ou de son âme.
- Si un individu peut se souvenir d’une action passée ou se reconnaître dans un souvenir, alors il est la même personne qu’à ce moment.
- La mémoire comme critère essentiel :
- La mémoire est le pont entre le passé et le présent. Elle assure la continuité de l’identité personnelle en permettant à une personne de se rappeler ses pensées, actions ou expériences passées.
- L’âme et le corps ne suffisent pas :
- Locke rejette l’idée que l’identité personnelle repose uniquement sur l’âme immortelle ou sur le corps physique.
- Par exemple, si une âme était transférée d’un corps à un autre, l’identité personnelle suivrait la conscience, et non la substance physique ou spirituelle.
Exemple célèbre :
Locke imagine une situation où la conscience d’un prince serait transférée dans le corps d’un savetier. Selon lui, l’identité personnelle suivrait la conscience (et les souvenirs du prince), et non le corps physique du savetier.
3. La relation entre identité et responsabilité morale :
Pour Locke, l’identité personnelle est aussi une question morale :
- Une personne est responsable de ses actions passées si elle en a conscience. Si elle ne se souvient pas d’une action, elle ne peut pas être tenue moralement responsable, car elle n’est plus la même « personne » dans ce sens strict.
4. Différence entre identité personnelle, corporelle et spirituelle :
Locke distingue plusieurs types d’identité :
- Identité corporelle : Dépend de la continuité du corps physique.
- Identité de l’âme : Locke critique l’idée que l’âme garantit l’identité personnelle, car une âme peut être dissociée de la conscience.
- Identité personnelle : Repose exclusivement sur la continuité de la conscience et de la mémoire.
5. Critique et limites :
- Le problème des oublis :
- Si l’identité personnelle repose uniquement sur la mémoire, cela pose problème pour des souvenirs oubliés. Par exemple, une personne qui ne se souvient pas d’une action passée n’est-elle plus responsable de celle-ci ?
- Locke répond en introduisant l’idée que Dieu pourrait tenir compte de la totalité de l’identité (même au-delà des souvenirs humains limités).
- La fragmentation de la mémoire :
- Si une personne souffre d’amnésie ou a des souvenirs partiels, cela semble remettre en question la continuité de son identité personnelle.
Résumé de l’identité chez Locke :
Pour Locke, l’identité personnelle repose sur la conscience et la mémoire, qui permettent à une personne de se reconnaître à travers le temps. Elle est distincte de l’identité physique (corps) ou de l’identité spirituelle (âme). Cette conception a une forte dimension morale, puisqu’elle établit une base rationnelle pour attribuer la responsabilité d’une action à une personne consciente.
Si tu souhaites des exemples ou des critiques approfondies de cette théorie, je peux développer !
Vous avez dit :
que dit Etienne Balibar de l’identité chez Locke?
ChatGPT a dit :
ChatGPT
Étienne Balibar, philosophe français, a consacré une étude approfondie à la notion d’identité chez John Locke dans son ouvrage « Identité et différence : L’invention de la conscience ». Dans ce livre, Balibar analyse le « traité de l’identité » que Locke a ajouté à la seconde édition de son « Essai sur l’entendement humain ». Il y démontre le rôle de Locke dans la formation de deux concepts centraux pour la métaphysique du sujet : la conscience et le soi.
Balibar soutient que Locke a été déterminant dans l’invention du concept philosophique de la conscience au XVIIe siècle. Il examine comment Locke a isolé le « mental » dans son essai, en distinguant la conscience et l’identité personnelle des substances matérielles ou spirituelles. Cette distinction a des implications philosophiques, juridiques, morales et politiques complexes.
En outre, Balibar explore la traduction française de l’œuvre de Locke par Pierre Coste en 1700, qui a joué un rôle crucial dans la diffusion et l’interprétation des idées de Locke en Europe. Il analyse comment cette traduction a influencé la compréhension de la conscience et de l’identité dans le contexte philosophique européen.
Ainsi, selon Balibar, Locke a non seulement contribué à la philosophie empiriste et à la pensée politique libérale, mais il a également été central dans l’émergence de la conscience en tant que concept philosophique, redéfinissant la compréhension de l’identité personnelle et du soi.
KANT – les différentes versions de la loi morale, ou impératif catégorique
La loi morale est un concept central dans la philosophie morale de Kant, exposé principalement dans la Critique de la raison pratique et les Fondements de la métaphysique des mœurs. Kant l’aborde sous différents aspects, qui peuvent être résumés ainsi :
1. La loi morale comme principe rationnel a priori
Pour Kant, la loi morale n’est pas dérivée de l’expérience, mais repose sur la raison pure pratique. Elle est universelle et nécessaire, valant pour tous les êtres rationnels, indépendamment de leurs conditions personnelles ou sociales.
Définition clé :
La loi morale est un impératif catégorique, c’est-à-dire un commandement inconditionnel qui s’impose à nous en tant qu’êtres rationnels.
2. La loi morale comme impératif catégorique
L’impératif catégorique est la formulation concrète de la loi morale et se décline sous plusieurs versions. Voici ses formulations principales :
a) La loi de l’universalité
« Agis seulement d’après la maxime grâce à laquelle tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle. »
Cette version exige de n’agir que selon des principes qui pourraient valoir pour tous sans contradiction.
b) La loi de l’humanité comme fin en soi
« Agis de telle sorte que tu traites l’humanité, aussi bien en ta personne qu’en la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen. »
Cela implique de respecter la dignité intrinsèque des êtres humains, en les traitant comme des fins en soi et non comme de simples instruments.
c) La loi de l’autonomie
« Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature. »
Cette formulation insiste sur l’autonomie de la volonté, où l’individu se donne à lui-même la loi morale en vertu de sa raison.
3. La loi morale comme expression de l’autonomie
Pour Kant, la loi morale est intimement liée à la notion de liberté et d’autonomie. Agir moralement, c’est agir conformément à une loi que nous nous donnons à nous-mêmes, par l’exercice de notre raison. Cela contraste avec l’hétéronomie, où l’action est dictée par des inclinations ou des forces extérieures.
Définition clé :
La loi morale est l’expression de la volonté rationnelle libre, qui obéit à des principes universels plutôt qu’à des intérêts personnels ou contingents.
4. La loi morale comme devoir
La loi morale s’impose à nous sous la forme du devoir. Kant distingue deux types d’obligation morale :
- Les devoirs parfaits, qui ne tolèrent aucune exception (ex. : ne pas mentir).
- Les devoirs imparfaits, qui laissent place à une certaine latitude dans leur accomplissement (ex. : aider autrui).
Le devoir n’est pas motivé par les conséquences de l’action, mais par le respect pour la loi elle-même, qui est une fin en soi.
5. La loi morale comme fondement de la bonne volonté
La loi morale guide la bonne volonté, que Kant considère comme le seul bien véritablement inconditionnel. Une action morale est accomplie par devoir, et non par inclination ou intérêt. Ce respect pour la loi morale est ce qui confère une valeur morale à l’action.
Résumé :
Chez Kant, la loi morale est un principe rationnel universel qui guide les actions des êtres libres et rationnels. Elle s’incarne dans l’impératif catégorique, se fonde sur l’autonomie de la volonté, impose des devoirs universels et exprime le respect pour la dignité humaine. Elle n’est pas dictée par des motifs empiriques, mais par la raison pure.
Fichte – Principes de la doctrine du droit (Chat GPT)
Dans les « Principes de la Doctrine de la Science » (Grundlage der gesamten Wissenschaftslehre, 1794), Fichte élabore une conception unique de la conscience, qui repose sur une structure dynamique et dialectique. Sa philosophie s’inscrit dans le cadre de l’idéalisme allemand et cherche à dépasser les limites du criticisme kantien en proposant une nouvelle manière de comprendre la relation entre le Moi et le Non-Moi.
Voici les idées principales de Fichte sur la conscience dans cet ouvrage :
1. La conscience comme activité du Moi
Pour Fichte, la conscience est une activité autonome du Moi (Ich), et non une simple réception de données sensibles. Il fonde sa pensée sur trois principes fondamentaux qui décrivent la dynamique de la conscience :
a) Premier principe : Le Moi pose le Moi
- Le Moi se pose lui-même comme sujet. Cela signifie que la conscience est une activité auto-réflexive, dans laquelle le Moi prend conscience de lui-même en tant que Moi.
- Ce principe illustre l’auto-affirmation ou la spontanéité de la conscience : le Moi existe parce qu’il s’affirme lui-même activement.
b) Deuxième principe : Le Moi pose le Non-Moi
- Le Moi, en se posant, se confronte à une altérité ou à une limite, qu’il nomme le Non-Moi (Nicht-Ich). Cette opposition est essentielle pour que la conscience puisse exister, car le Moi ne peut se définir qu’en relation avec ce qui n’est pas lui.
- Ce principe représente la reconnaissance d’un monde extérieur, qui apparaît comme une résistance à l’activité du Moi.
c) Troisième principe : Le Moi limite le Non-Moi par le Moi
- Le Moi, tout en posant le Non-Moi, intègre et détermine cette opposition dans une synthèse. Cela signifie que la conscience est une activité qui dépasse la simple dualité entre sujet et objet en les unifiant dans un rapport dynamique.
2. La conscience comme activité dialectique
- Pour Fichte, la conscience n’est pas une substance ou un état statique, mais un processus dialectique qui évolue constamment entre ces trois principes. Ce mouvement perpétuel est le moteur de la vie de la conscience.
- Cette dialectique est au cœur de sa « doctrine de la science » (Wissenschaftslehre), qui cherche à expliquer toutes les formes de connaissance et d’être à partir de l’activité fondamentale du Moi.
3. La conscience comme fondement de la réalité
- La réalité, pour Fichte, n’existe pas indépendamment de la conscience. Tout ce qui est réel est posé par l’activité du Moi. Cette position s’inscrit dans l’idéalisme transcendantal, où la conscience est à la fois le point de départ et le fondement de toute expérience.
- Contrairement à Kant, qui distingue les phénomènes (ce qui apparaît à la conscience) et les noumènes (ce qui existe indépendamment de la conscience), Fichte affirme que tout ce qui est, est une construction du Moi.
4. La conscience comme liberté
- La conscience chez Fichte est étroitement liée à la notion de liberté. En se posant comme actif et autonome, le Moi exprime sa liberté. Cette liberté est au cœur de la conception fichtéenne de la subjectivité.
- La résistance du Non-Moi (le monde extérieur) n’est pas une limite qui détruit la liberté du Moi, mais une condition qui la rend possible. En surmontant cette résistance, le Moi réalise pleinement son autonomie.
5. La conscience morale
- Fichte intègre à sa théorie une dimension morale : la conscience n’est pas seulement un processus intellectuel, mais aussi une activité pratique orientée vers un idéal.
- Le Moi a pour vocation de réaliser sa liberté dans le monde, en transformant le Non-Moi de manière à ce qu’il corresponde aux exigences de la raison. Cela implique une tâche infinie, car le Moi ne cesse jamais de se confronter à des résistances extérieures.
Synthèse de la conception fichtéenne de la conscience
- Auto-réflexivité : Le Moi se pose lui-même comme fondement de la conscience.
- Relation dialectique : La conscience est un processus dynamique qui intègre l’opposition entre le Moi et le Non-Moi.
- Primauté du Moi : La réalité n’existe qu’en relation avec l’activité consciente du Moi.
- Liberté et action : La conscience est une expression de la liberté humaine et se réalise pleinement dans l’action morale.
Conclusion
Dans les Principes de la Doctrine de la Science, Fichte élabore une théorie de la conscience qui dépasse l’épistémologie kantienne en mettant l’accent sur le rôle actif et créateur du Moi. La conscience, pour Fichte, est un processus vivant, dialectique et libre, qui constitue à la fois le fondement de la réalité et le moteur de l’existence humaine.
Si tu veux approfondir un aspect spécifique (comme la dialectique Moi/Non-Moi ou la dimension morale de la conscience), je peux te fournir plus de détails ! 😊
- « La finalité suprême de toute relation entre des êtres rationnels est de parvenir à une communauté dans laquelle la liberté de chacun est reconnue et protégée. »
- « Un être rationnel ne peut se poser lui-même comme un Moi sans avoir posé un autre être rationnel à côté de lui. »
- « La liberté d’un individu est conditionnée par la possibilité de coexister avec la liberté d’un autre. La relation entre les libertés est la condition de l’existence de toute société humaine. »
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