Parole divine
La liberté que l’on peut trouver dans le langage, dans la création par le langage, est ainsi réelle. La parole est performative, active, créatrice. La parole est d’abord créatrice. Dieu n’a pas d’autres outils que le logos. « Et au début était le Verbe ». Dieu est la totalité des paroles possibles: « l’Alpha et l’Omega », qui englobe également l’éternité.
Il existe de nombreuses figures de personnes utilisant le langage à des fins de création ou de modification des représentations de leur public. Ainsi des sophistes, des démagogues, des politiciens, des oracles, des sorciers et des mages. Tout ce que l’on appelle aujourd’hui la « communication » travaille sur ce sujet.
Oracle antique
Les sources sont Antiques. La Grèce n’est pas que le berceau de la rationalité, mais un foyer religieux intense. La manipulation des représentations par le langage est donc un fait réel. Les voyageurs qui venaient demander conseil à l’oracle de Delphes repartaient avec une parole plus ou moins structurante pour le reste de leur vie. La parole de l’Oracle était le plus souvent rimée et ouverte, capable d’être interprétée de plusieurs manières. L’auditeur pouvait ainsi trouver une parole qui, tout en étant divine et donnée par la prêtresse, pouvait lui convenir et revêtir un sens propre pour lui. L’oracle, le mot désignant à la fois la personne délivrant la parole du Dieu, et cette parole elle-même, permet de donner un sens à la vie de l’auditeur. La parole relie l’homme à son destin, à sa transcendance et à sa vie quotidienne.
Moïse
Parmi tous les mages de l’histoire, le plus puissant et le plus célèbre est sans conteste Moïse. Conduit par la parole de Dieu, puisqu’il est celui auquel le Dieu parle, Moïse va procédé à de nombreux tours de magie pour sortir les hébreux d’Egypte. Ces manifestations sont nombreuses. Moïse communique avec Dieu par la magie.
La transformation de son bâton en serpent, montre qu’il peut être le père, le principe vitale, le bâton étant à la fois le symbole de la virilité de l’homme et de l’arbre donnant des feuilles, mais aussi ici, dans un passage par la sorcellerie, le porteur de la mort, du serpent qui envoie dans l’au-delà.
Les plaies d’Egypte ont tout de la sorcellerie et de la maîtrise des éléments de la nature: la grêle, le sang qui corrompt l’eau, la substance transformée à volonté, alors que les dieux des égyptiens sont des garants de la vie, du passage dans l’au-delà, le dieu des juifs se présente comme le possesseur de toutes les matières et les substances. Peu lui importance la vie après la mort et la divinisation du pharaon.
La traversée de la mer morte, est un symbole puissant et simple. Moïse, qui est capable d’écarter les « bras » (ou d’autres parties), de la Mer, permet la conception et la renaissance de son peuple.
Moïse est aussi celui par lequel arrive la manne, cette nourriture divine qui tombe littéralement du ciel, qui se transforme en l’aliment que l’on souhaite manger, pour ne jamais être lassée, qui arrive pile dans la quantité nécessaire, ni trop, ni trop peu. La manne est l’aliment extra-ordinaire qui rappelle le lait maternel, voir l’alimentation reçue directement dans le corps, par le biais du cordon ombilical, assimilée sans le moindre effort.
Puis viennent les Tables de la loi, qui ont tout des formules magiques. Moïse les reçoit de Dieu, directement en haut de la montagne, du Sinaï. Leur perpétuité est consacrée parce qu’elles sont gravées dans la roche. Parole et loi, loi et organisation de la vie du groupe, limite des désirs des uns et des autres pour maintenir l’ordre dans la Cité.
Moïse est le héros parfait. Son origine est aussi mythique que réelle. Il est abandonné, et recueilli par un Roi, ce qui permet une identification plus rapide par le spectateur, et l’autorise à être un fondateur révolutionnaire sans remettre en cause les liens familiaux. Il parle avec les dieux, mais ses paroles sont embarrassées avec les hommes. Il retrouve sa mère, à l’âge où la plupart des hommes perdent ce soutien de toute leur vie. Son destin enfin est tragique. Il ne verra jamais le pays de Canaan, la terre promise lui échappera toujours. Son rêve ne se réalisera jamais de son vivant.
Jésus – la prière – la religion
Jésus va reprendre cette tradition de magie. Il marche sur l’eau, rappelant la mer Rouge. Il multiplie les pains, rappelant la mannes. Il soigne la lèpre, rappelant, mais en supprimant le côté négatif, les sept plaies d’Egypte. Le vin est son sang, reprenant le vin du Sabbat, l’Eucharistie est son corps. Jésus apporte une parole nouvelle, celle de l’Amour.
L’Eglise reprendra ces traditions et continue de les faire vivre. La prière par laquelle on s’adresse à Dieu. Les prières par lesquelles nous réparons nos fautes. La reconnaissance des miracles, qui passe également par le toucher, la thaumaturgie.
Le bon génie
On retrouve le thème de la magie dans la littérature moyen orientale, sous la forme du Génie. Le Génie est celui qui est capable d’exhausser les vœux, comme le réalise le génie de la lampe d’Aladin. La parole est toute puissante, et limitée en même temps. Celui qui utilise le pouvoir du génie doit avoir le cœur pur, sans quoi les vœux vont se retourner contre-lui, puisqu’ils auront été dictées par leur méchanceté. Les vœux du méchant finissent immanquablement par le détruire.
Celui qui a le cœur pur cependant, ne doit pas gâcher le pouvoir de la parole. Le nombre de formules magiques auquel il a droit est limité, traditionnellement à trois. Le mythe du génie rencontre particulièrement bien l’âme des enfants, qui s’interroge sur les causes réelles des choses, qui découvrent l’infini et pensent qu’il est à porter de main, étant déjà à porter de langage.
Le sorcier, la sorcière
Dans la culture Celte, ou la figure du druide est proche de celle du Mage. Enfin, pour rester en Europe, dans la chrétienté, où l’Eglise fera la chasse aux sorcières et proposera un modèle différent: dire des prières pour guérir ses maux. J’ai péché. Ce n’est rien, vous direz deux paters et trois avés pour laver votre erreur.
Les paroles dites se classent facilement en deux catégories: les paroles ouvertes et les paroles fermées. La parole ouverte, qui est évidemment la plus intéressante, est souvent, comme celle de l’Oracle, une parole ambiguë, sujette à de nombreuses interprétations. Au contraire évidemment, la parole fermée est une catastrophe. C’est une parole qui insulte l’avenir et condamne l’avenir de la personne.
Ce que nous montre l’Oracle, et que l’on voit toujours aujourd’hui, est l’existence réelle de ces paroles. Il y a toujours des voyants, des devins, des politiques, des personnes qui tentent de dire l’avenir.
Le sorcier est du côté du « mal ». Il utilise ses « pouvoirs », qui consistent en de mystérieuses formules magiques, pour son propre bénéfice et pour nuire aux autres. Il énonce un malheur, et par là contribue au malheur. Il énonce une limite, et par là contribue à la limite. Et il est comme ivre de ce pouvoir de malheur. Ses techniques sont en tout point semblables à celle du harcèlement. Réduire l’estime de soi de la personne, couper la personne des autres, et finalement s’approprier les biens matériels de sa victime. La sorcière qui chasse Blanche-Neige, et la coupe de l’amour de son père, est un bon exemple. Elle fait le vide autour de sa belle fille. Elle survalorise le statut social, qui devient son premier, seul et unique critère de succès, elle qui n’a pas pu avoir d’enfant et qui transforme en mort tout ce qu’elle touche.
On aurait bien tort de croire la tradition des sorciers et sorcières disparue depuis la nuit des temps. Elle est certes en recul, mais elle existait encore au début du XXème siècle en France, dans le Loiret. Elle serait toujours active en Slovénie. Cela signifie que ces effets sont toujours d’actualité.
Mais peut importante sa présence institutionnelle. C’est la réalité du poids de la parole qui compte. C’est contre elle que nous mettent en garde les contes de fées.
La personne envoûtée, prisonnière d’un complot, prisonnière d’un discours qui la détruit, cela existe malheureusement aussi, est dans la même situation que le Golem.
Vice
Vice est un film documentaire présentant le rôle et la carrière de Dick Cheney dans l’administration de George Bush Junior.
Un peu comme Secret d’Etat, avec Jeremy Renner, nous dévoilait crûment comment la CIA avait engagé les rebelles du Nicaragua, les Contras, pour lutter contre le gouvernement communiste sur place, tout en les laissant se financer en revendant des drogues dures aux Etats-Unis, principalement dans la communauté noire, Vice lève le voile sur le pire des manipulations dont le gouvernement américain soit capable de se rendre coupable.
Ce qui nous intéresse particulièrement, fabuleusement montré par le film, est la manière dont Dick Cheney et les conservateurs utilisent les pouvoirs de la rhétorique pour influencer les lois.
La loi sur les successions, supposées aider à garantir l’égalité des chances en taxant lourdement les héritiers les plus riches, étaient dans le collimateur des conservateurs depuis des décennies. Un jour, un nouveau communicant trouve la solution. Simple, élégante. Géniale. Il faut rebaptiser la loi sur les successions. Désormais elle sera appelé la « Death tax » signifiant à la fois l’impôt sur la mort, ou l’impôt mortel. Une campagne de communication est immédiatement lancée. Les interlocuteurs se laissent prendre au jeu, ou pour le dire plus directement, ils se font manipuler. L’opération est un immense succès pour ses promoteurs. Les droits de succession pour les plus riches sont revues à la baisse de manière drastique. Le pouvoir des mots est immense, surtout lorsque l’on se trouve dans une zone grise, où la vérité n’existe pas, et ou tout est une question d’opinion. Mais ce n’est pas tout.
A l’époque, peut-être vous le rappelez-vous, le climat était déjà au cœur des préoccupations. Sur l’impulsion des experts du Giec, le groupe d’experts de l’ONU chargé de travailler sur cette question, on parlait du « réchauffement planétaire », en anglais du « gobal warming ». Mais l’administration Bush, notamment sous l’impulsion de Dick Cheney, était climato-sceptique et ne voulait rien entendre sur le sujet. Comment faire pour changer les mentalités, y compris quand on a scientifiquement tort? C’est tout simple. Triste et stupéfiant de simplicité. Plutôt que de faire mentir les chiffres du Giec, l’administration a changé la dénomination du phénomène. Le climat a été modifié plusieurs fois durant l’histoire. Les analyses des communicants ont montré par ailleurs que le nom de réchauffement planétaire avait été très bien choisi par le Giec et que le public avait peur, de sorte que la confiance envers les entreprises les plus polluantes, au premier rang desquelles les pétroliers, avaient beaucoup perdu en notoriété. Ici encore, un génie du marketing est intervenu et a trouver la parade. Dick Cheney a fait remplacer l’expression de réchauffement climatique par celle de « changement climatique », « climat change », pour la rendre totalement neutre et lui enlever son potentiel anxiogène. Le pire quand on regarde le film, c’est de réaliser soudain que cela a très bien fonctionné et qu’on a adopté le changement dans son propre vocabulaire. Qui parle encore de réchauffement planétaire? Plus personne.
Les sorciers sont puissants. Les sorciers sont toujours proches du pouvoir. Ils n’ont qu’un seul but: augmenter leur propre pouvoir. Par tous les moyens, et surtout par le moyen qui peut nuire aux autres, à un maximum d’autres. Plus les autres sont faibles, plus je suis puissant. Le groupe ne les intéresse pas. A côté de cette administration Bush-Cheney, le Président Trump ressemble à un enfant de coeur. Bush Cheney ont vu se succéder les scandales Enron et Worldcom, 50 milliards chacun; ils ont envahi l’Irak sur la base de mensonges éhontés présentés à la tribune de l’ONU par un Colin Powell qui voulait uniquement conserver son poste, le tout apparemment dans le but principal d’enrichir Halliburton, l’ancienne société de Cheney, dont la valeur de l’action a pris 500% pendant le conflit; qui ont déréglementé la finance en expliquant que le règne du non droit était la définition même de la liberté. Rien n’a été construit en Irak, devenu l’un des terreaux des extrémistes islamistes qui donneront naissance à l’Etat islamique.
Le mage
A l’inverse de la parole corrompue et négative du sorcier, il existe l’autre figure de la magie, celui qui pratique la magie blanche, cette magie positive qui n’est pas liée au diable et à la séparation. Elle nous donne quelques uns de nos plus beaux héros d’épopée, de contes et de romans: Merlin l’enchanteur dans le cycle de la Quête du Graal, Gandalf dans le Seigneur des Anneaux, les jedis et notamment Luke Skywalker dans Star Wars, et la marraine de Cendrillon, etc.
Le mage, le devin, le poète, sont des héros de la transformations, de la métamorphose des substances. La citrouille devient Carrosse. Le bâtard, ou l’enfant perdu, Arthur, devient Roi et créateur de la table ronde. La femme devient rose. Le descendant du roi, chassé de sa terre, retrouver son royaume.
Le mage apporte deux types de parole: celles qui luttent contre le mal, et celles qui ouvrent vers la vie et la création. Les paroles qui luttent contre le mal sont en tout point semblable à celles de Gandalf « You shall not pass », « Vous ne passerez pas ». La parole mise en formule, en l’occurrence un commandement, la lumière dans les ténèbres, le combat contre le monstre, le dragon, rouge de colère et de feux, l’épée et le bâton de sorcier, tous les principaux symboles sont là.
Il s’agit de bloquer les forces démoniaques, objectivations des forces psychiques négatives. Il en est de même lorsque Saint Michel lutte contre les dragons, ces forces du feu, de la destruction. Luke Skywalker aurait pu terrasser son père Darth Vador, et régner sur la galaxie avec
Le mage a un second rôle, celui de contribuer à la création d’un monde meilleur. C’est ce que fait Merlin quand il soutient la naissance d’Arthur. Parmi l’essentiel des personnes que nous croisons dans nos vies, l’essentiel d’entre-elle ne s’intéresse pas à nous. A peine nous écoutent-t-ils. D’autres nous servent le célèbre Yaka-Faucon, comme si diriger sa vie et travailler les forces profondes du destin était une évidence. D’autres enfin, infiniment rares, et d’autant précieux pour cela, sont capables d’une véritable écoute, et d’une parole de soutien et d’ouverture. Le mage est celui qui assume le rôle positif de la création par le langage. Magie et rhétorique sont les deux versants de la parole pour tout ce qui concerne la contingence et la création.
La lumière
Parmi les symboles du mage, la lumière tient une place particulière. L’âme est lumière, celle de la bougie dans la religion juive, celle du Mage, celle du philosophe, de la lumière naturelle, celle de Yahvé qui apparaît comme un buisson ardent, un buisson qui ne brûle pas, ou encore celle de Prométhée le Titan qui donne aux hommes la lumière physique, le feu.
Le mythe du Golem
L’histoire du Golem est un mythe juif d’Europe centrale. L’histoire ressemble à celle de Frankenstein. Le Golem est un monstre, une créature d’argile, crée un rabbin, un magicien kabbaliste. Pour donner vie à sa créature, le rabbin reproduit le geste de dieu et inscrit sur le front du Golem le mot Emeth, qui signifie Vérité en hébreux. Ce mot suffit à donner vie à la créature. Malheureusement, la créature, qui sort la nuit pour châtier tous les menteurs, devient incontrôlable. Le rabbin est obligé de la détruire. Pour se faire, il efface la première lettre de son nom, qui passe de Emeth à Meth, de vérité, à mort.
Le Golem révèle deux choses. La vie tient au discours. Le discours de vérité est aussi parfois destructeur et morbide. La vérité est réservée au sage. Elle est un outil à double tranchant. Celui qui est trop tordu, trop malhonnête pour la recevoir en fera une arme et une nouvelle raison de s’attaquer au sage, dont il ne supporte pas l’honnêteté. La vérité est comme le miroir de la Belle-mère de Blanche Neige. Il dit simplement la réalité. Il montre les choses telles qu’elles sont. Et la méchante sorcière le refuse. Elle n’accepte pas le destin de Blanche Neige, parce qu’elle n’accepte pas le sien propre. Elle tire de sa haine et de ce qu’elle conçoit comme une injustice, la légitimation de ses actions injustes. Je suis injuste, mais c’est la faute des autres et de la vie. Par là, la sorcière nie la plus grande des qualités humaines, qui est de chercher à instaurer la justice et l’intelligence, malgré la nature. Car c’est là qu’est la différence entre l’homme et la nature, et c’est ainsi qu’il faut construire le monde. Dans cette oeuvre, le Mage doit être particulièrement prudent dans l’usage de ses formules, tout comme le Sage avec celui de la vérité.
La poésie
Plutarque rapporte qu’à la fin de la tradition des Oracles, la Pythie avait beaucoup perdu de sa superbe notamment parce qu’elle ne rendait plus ses oracles en vers. De la même manière, la puissance supposées des formules magiques proviennent de leur rythme, du mystère de leur énonciation, des rimes. Les lois et commandements, ou les excommunications utilisent des formules lapidaires, rapides, définitive. L’impératif est le temps de l’ordre et du commandement militaire, mais c’est aussi le temps des imprécations des sorcières. Les « jamais » ou « à jamais », et les « toujours » « pour toujours », peuplent ces jugements faits en dehors du système judiciaire, dans le système de la superstition.
A la différence de la parole posée, descriptive, analytique, la parole poétique ajoute à la représentation un rythme, un mouvement, qui touche l’émotion et le sentiment. Ainsi la musique nous émeut, nous met en mouvement et éveille nos émotions, notre force vitale, notre désir. A cela s’ajoute la puissance de la voix, qui véhicule elle-même l’intention et les émotions du locuteur. Il suffit souvent d’entendre une personne parler pour deviner son caractère. Le talent d’un acteur, son rapport au monde, s’exprime directement dans son énonciation, ses tonalités, le rythme, la force ou la douceur de sa voix. Il incarne ainsi un discours, ce qui le rend plus puissant que le simple discours lu.
Ethique de la discussion
Cette tradition demeure vive. Elle l’est d’autant plus que toute vérité scientifique est considérée valable non seulement par sa puissance rationnelle, mais aussi par la reconnaissance dont elle fait preuve au sein de la communauté. Sur cette tradition pour pouvoir créateur, Habermas fonde son Ethique de la discussion. Contre la parole dictatoriale du chef, du Führer, parole d’exclusion et de fanatisme, mais aussi sans doute contre la parole d’Heidegger, pour lequel le rôle de l’homme est de dire l’être, la nature, l’Allemagne cherche une nouvelle parole, partagée, créée par le consensus. Il s’agit de dire l’homme, et que chacun participe à cette tâche. Chacun a le droit de parler, de s’exprimer. Les paroles doivent respecter quelques règles que l’on appelle dialogiques, et qui ne sont rien d’autres que les règles du dialogue, déjà présentent chez Platon. Ne pas couper la parole, laisser chacun développer son point de vue, n’accepter que les arguments rationnels, intellectuels.
Les paroles offensantes, blessantes, définitives, même ou surtout, sous couvert d’humour, sont inacceptables. Nous devons faire notre possible pour nous les interdire, ou les minimiser, les annuler par d’autres. Quand elles viennent d’autres personnes, elles nous révèlent leur caractère, la méchanceté et la noirceur de leur cœur et nous indiquent qu’il est temps d’être prudent.
Paroles éducatives
Plus les paroles seront prononcées dans le jeune âge des enfants, plus elles auront d’impact sur la manière dont les enfants, puis les adultes qu’ils vont devenir, vont avoir d’importance. On parle souvent de l’image des fées qui se penchent sur le berceau du nouveau née et qui par leur paroles, leurs vœux, orientent le destin des nouveaux nés. L’enfant est nommé. Son nom est légalement enregistré et en même temps, la filiation est reconnue. On ne peut pas surestimer ce pouvoir du langage. Mais il ne faut pas le sous-estimer non plus. Si tout vient chez nous, si tout se précipite à partir de la création et de la cause efficiente, comme le défend Spinoza, la part de la parole comme cause, au moins aussi puissante que la cause physique et matérielle, la parole comme cause efficiente formelle, ne saurait être sous-estimée. D’où l’importance également de la parole et des discours que l’on tient aux enfants, et à ses enfants en particulier.
Discours intérieurs
Enfin, le discours que nous tenons envers nous-mêmes est une des clés de notre bonheur. Dès que nous nous parlons mal, que nous tenons sur nous-mêmes un discours de dénigrement, de rabaissement, nous nous faisons du mal. Le but de la thérapie émotionnelle est évidemment de redresser le discours que nous avons sur nous, de nous considérer avec bienveillance et soin.
Annexes
Quelques références:
-Les Oracles de Delphes, Jean-Paul Savignac, Orphée la Différence
-Sur les oracles de la Pythie, Plutarque, Les Belles Lettres
-Le roman de Moïse, Jean Luc Allouche, Albin Michel
-L’Enchanteur, Barjavel, Folio
-Le Livre du Graal, Merlin, Bibliothèque de la Pléiade
-Jacqueline de Romilly, Magie et rhétorique en Grèce ancienne, Les Belles Lettres