Le Niger, une faillite française

Une fois n’est pas coutume, les services secrets français laissaient fuiter dans la presse il y a quelques jours qu’ils avaient prévu le coup d’Etat de Prigojine et prévenus un certain nombre d’ autorités alliées. Ils rompaient ainsi avec la doctrine de nos services, caractérisée, contrairement aux services anglo-saxons, par le fait de rester dans l’ombre.

Le timing s’est malheureusement retourné contre-eux, puisqu’à peine un ou deux jours après ces révélations éclataient un putsh au Niger, que ces mêmes services n’avaient apparement pas du tout vu venir, et ce malgré les actions répétées de Wagner dans la région et la destabilisation désormais quasiment complète du centre de l’Afrique.

Depuis nous assistons dans les médias à une déferlente de commentaires anti-français, non pas uniquement par des manifestants sans doute payés par Wagner, mais par les français eux-mêmes, et ce à longueur d’émission et d’éditos. A les écouter, la France à tous les torts, être venus, être restés, avoir lutté contre les djihadistes, avoir tenté de former des armées locales, avoir soutenue la démocratie nigérienne par nos aides… rien, nous ne nous épargnons rien.

C’est un véritable coup de gueule que nous souhaitons adresser à tous ces défaitistes qui semblent tous avoir un agenda commun: retirer la France d’Afrique par tous les moyens, y compris peut-être, tant l’aveuglement de nos services secrets est suspect, en refusant d’informer les autorités de la réalité des dangers sur le terrain. Ce que nous voyons dans les médias, c’est un establishement complet, droite, gauche, armée et diplomaties confondus, mais sûrement pour des raisons diamétralement opposées, qui soutient et milite tellement pour le retrait d’Afrique qu’il en a complètement oublié et occulté l’essentiel dans cette affaire.

Comment croire que les service français ne savaient rien, alors qu’on trouve les informations en quelques clics sur internet? Notamment sur cette excellente page: https://www.rtbf.be/article/cartographie-de-linfluence-russe-sur-le-continent-africain-10938092

Cet essentiel quel est-il? Tout simplement qu’il s’agit à nouveau d’une Démocratie que l’on est en train d’abattre par la force et la violence. Et pendant ce temps, les autres démocraties se pincent le nez et regardent ailleurs, préférant dans le cas précis plonger dans une introspection mortifère plutôt que de se lancer dans l’action. Le pire des arguments entendu est celui de la « responsabilité des acteurs locaux ». Ce serait à eux de voir ce qu’ils veulent faire, tandis que nous n’aurions pas à nous « ingérer » dans les affaires d’un Etat. Nous sommes en train de justifier notre inaction en faisant comme si les putschistes avaient raison et représentaient une autorité légale! Or c’est entièrement faux, ils ont violé le droit dans une démocratie. Ils sont coupables.

Les putschites, totalement illégitimes du point de vue du droit

Nous aurions dû réagir immédiatement pour chasser les putschistes et restaurer la démocratie. Si nous avions agit tout de suite, nous aurions eu le droit pour nous, en tout cas bien plus que les putschistes ne l’ont eux-mêmes. Mais voilà, nous sommes des lâches. Nous avons perdu toute boussole morale et géopolitique. L’argument « c’est un problème africain », ou « c’est à eux de décider de leur destin » est d’un sophisme abyssal. Si nous ne faisons rien, cet Etat incroyablement pauvre, passera tout simplement dans l’orbite russe. Il n’y aura pas de solution indépendante au niveau du pays, ou même juste Africaine de la question. Et la guerre en Ukraine, c’est un problème européen? Ah bon? Mais ne sont-ce pas les Etats-Unis qui garantissent la sécurité en Europe? L’Europe elle-même n’a-t-elle pas reculé après la défaite de Louchachenko aux élections biélorusses, laissant là encore Poutine vassaliser le pays?

Plus cyniquement, en dehors de sa mine d’uranimum, le Niger est l’un des pays les plus pauvre au monde. Il n’y a rien, ou peu, à gagner en entrant en conflit. Mais ce raisonnement bassement économique nous reviendra immancablement dans la figure. Nous ferons moins les malins quand la mine d’uranium aura été nationalisée puis passera sous contrôle russe. Les démocraties doivent se soutenir les unes les autres. Voilà la nouvelle règle essentielle à notre survie que nous aurions dû mettre en place depuis longtemps. Ne pas reconnaître la réalité du conflit mondial en cours contre les démocratie, c’est laisser gagner nos ennemis. C’est exactement ce que nous sommes en train de faire au Niger. Plus les jours passent, plus les puschistes légitiment leur pouvoir et se construisent une façade de légalité, plus la Russie va dérouler un discours de paix et de non intervention du plus horrible cynisme, et plus nous passerons une fois de plus pour les lâches que nous sommes.

La mine d’Uranium exploitée par la France

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